Gestation et homoparentalité, par Antoinette Fouque

Gestation et homoparentalité, par Antoinette Fouque

Gestation et homoparentalité, par Antoinette Fouque

Un entretien avec Antoinette Fouque sur la gestation et l’homoparentalité paru dans « La Marseillaise » à l’occasion de la sortie de « Génésique – Féminologie III » et du 2ème Salon méditerranéen des publications de femmes organisé à Marseille par le Forum Femmes et Méditerranée.

 » Désir de vie
Dans ce dernier essai, Génésique Féminologie III, la gestation y est d’abord présentée comme paradigme du don et de l’éthique. « La gestation, c’est le don absolu, c’est l’origine de l’éthique, donner à l’autre ce qui sera à lui définitivement, la vie« , explique la philosophe. Car ‘l’utérus est le premier environnement de l’être humain, où se joue quelque chose d’un avenir psychique de l’espèce humaine » ou « le lieu de formation archi-archaïque de l’inconscient« . Voilà tout l’objet de la génésique, cette science dédiée à la gestation, qui selon l’auteur n’a pas suffisamment été exploitée par la psychanalyse.
Avec la génésique, il s’agit dès lors de réintroduire la question des femmes et du corps dans la théorie psychanalytique. « La pulsion de vie n’a pas été suffisamment étudiée, la génésique, c’est la vie des femmes, qui doit  permettre une symbolisation nouvelle, une pensée ne se fondant pas sur le refoulement ou la forclusion mais sur une éthique ouvrant à la génitalité des deux sexes« .  Contre l’esclavage du corps féminin, la génésique doit faire résistance à la capitalisation du vivant et des corps. « L’économie du projet et de la capitalisation est une économie de gaspillage masculine. On sème à tout vent du sperme, qui se perd à chaque éjaculation. On le gaspille comme on gaspille les ressources. »
Les femmes doivent ainsi « créer une alliance consciente de leur force, de leur désir, de leur inconscient ou langage pour imposer à l’humanité tout ce travail underground de leur corps radicalement exploité partout dans le monde ». Esclavage de la prostitution, esclavage de la maternité, des corps en un mot. Voilà l’ennemi dans une société où subsiste encore les violences faites aux femmes. « (…)
Aux femmes seules donc de « prendre en main ce qui leur incombe, c’est à dire la gestation, le désir de vie, l’avenir de l’humanité« . Mais il y a bien deux sexes. « Aux côtés de la libido phallique, dominandi – dont je refuse qu’elle soit unique, il y a la libido génésique, la libido creandi« , dira encore Antoinette Fouque. « Aux côtés des hommes, il y a des femmes, c’est dans la différence – réelle, économique, politique, symbolique – que se construit l’égalité sociale et la parité. C’est-à-dire une humanité sexuée qui avance avec ses deux corps, les hommes et les femmes.« 
Finalement, avec Génésique Féminologie III, les femmes et leur apport d’humanisation sont inséparables d’une « politique ou d’un mouvement de civilisation« .
Concernant la question homosexuelle et l’homoparentalité, l’écrivain est sans équivoque. « Il n’y a pas de raison de refuser  à certains la satisfaction d’un désir lié au don et au devenir de l’humanité. » Pour la mère du MLF, après « l’homo sapiens sapiens », avec « la femina sapientissima », il s’agit enfin d’accoucher « une Humanité éthique« .
Emmanuelle Barret

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