Benoîte Groult nous a quittées

Benoîte Groult nous a quittées

© Micheline Pelletier

Nous pensons à elle avec affection et admiration.

Grande figure de la cause des femmes, elle lui a apporté sa liberté de pensée, son intelligence joyeuse, ses écrits, sa solidarité.

De sa rencontre avec Antoinette Fouque, il y a plus de 40 ans, était née une vive amitié. Elles se retrouvaient, à Paris, dans le Var ou en Bretagne, au bord de la mer qu’elles chérissaient toutes les  deux…
Elles ont partagé de nombreux combats pour la libération des femmes, en France et dans le monde. Comme Virginia Woolf, elle voulait pour les femmes « une chambre à soi ».

En décembre 1975, elle dialogue avec Antoinette Fouque, lors d’un entretien pour France Culture « Féminisme et/ou luttes de femmes ». Il sera publié en 1976 dans le journal du MLF-Politique et Psychanalyse le quotidien des femmes n° 9 (1).
En 1989, avec une délégation de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD), elle prend part à une grande manifestation internationale à Washington pour le droit à des femmes à disposer de leur corps dont le mot d’ordre est: « Soutenez l’avortement légal, le contrôle des naissances et les droits des femmes ».

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En 1992, européenne convaincue, elle participe à la campagne pour le « oui »  à l’Europe de Maastricht.
En 2007, à l’occasion du 8 Mars, Journée Internationale des femmes elle apporte sa contribution au colloque de l’Alliance des Femmes « Pour l’élaboration d’une politique globale pour les femmes », contre la pauvreté, l’exclusion, les violences et discriminations, pour le droit à la procréation, à la liberté de penser, à la santé à la parité avec Elisabeth Guigou, Anne Hidalgo, Kate Millett, Wassyla Tamzali, Christiane Taubira, Alain Touraine…, et, pour l’élection présidentielle, elle se joint à l’appel de l’AFD à voter Ségolène Royal.

Sensible aux discriminations dont souffrent les femmes elle a, dès ses premiers livres, privilégié l’expression de leur amitié, de leurs liens profonds, de leur sens de la vie, mais aussi de sa révolte contre les violences dont elles sont victimes.  Ces thèmes seront présents dans toute son œuvre. Le Journal à quatre mains, écrit avec sa sœur Flora et publié en 1958, fait le récit des années de guerre et d’occupation, où elle raconte le marché noir, les rafles, la répression mais aussi la joie de retrouver la liberté, la vie  nocturne.
En 1975, contre la pratique de l’excision et ce qu’elle qualifie «d’infini servage » des femmes, elle publie Ainsi soit-elle, où elle déclare :  « Il faut que les femmes crient aujourd’hui. Et que les autres femmes – et les hommes aient envie d’entendre ce cri. Qui n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, mais un cri de vie. » La même année, sur la proposition d’Antoinette Fouque, elle préface Crie moins fort, les voisins vont t’entendre, d’Erin Pizzey, publié par les éditions des femmes, première grande dénonciation des violences conjugales en Europe. En 1982, elle préface également le livre de Séverine Auffret, Des couteaux contre les femmes, contre l’excision (éditions des femmes).

En 2006, dans son dernier livre  La touche étoile, elle aborde le sujet de la vieillesse. « L’âge est un secret bien gardé. Dire ce qu’est la vieillesse, c’est chercher à décrire la neige à des gens qui vivent sous les Tropiques. Pourquoi leur gâcher la vie sans soulager la sienne ? Je préfère nier l’évidence en bloc et me battre le dos au mur tant que je peux encore gagner quelques batailles. Car, il faut le savoir, en plus d’ouvrir la porte à bon nombre de maladies, la vieillesse est une maladie en soi. Il importe donc de ne pas la contracter. » Elle était membre du comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

Elle a enregistré Ainsi soit–elle et La touche étoile pour la collection la « Bibliothèque des voix », aux éditions des femmes-Antoinette Fouque.
Pour retrouver sa voix

Ses amies du MLF, des éditions des femmes et de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie.

(1) Republié in Antoinette Fouque, Génésique, Des femmes, 2012