Après la présidentielle américaine, une analyse de l’Alliance des femmes

Après la présidentielle américaine, une analyse de l’Alliance des femmes

Les élections américaines ou la « protestation virile »

L’élection de Donald Trump le confirme, si les cinquante dernières années ont été marquées par l’arrivée des femmes dans l’Histoire, l’affirmation de leur citoyenneté et de leurs compétences propres, nous faisons face aujourd’hui à une offensive massive de restauration du phallocentrisme avec la revanche du narcissisme mâle, de l’ego national-machiste, ce qu’Antoinette Fouque a nommé la « protestation virile »: « En levant l’oubli et la censure sur les femmes et sur la fonction indispensable pour l’espèce dont notre corps est doté –la fonction génésique– en dévoilant la misogynie constitutive de l’ensemble des civilisations, les mouvements de libération des femmes ont entraîné, et c’est logique, une résistance, une protestation virile fondamentale. Cette nouvelle misogynie rassemble en une Sainte Alliance toutes les intolérances totalitaires et intégristes, toutes pensées de l’Un qui refusent altérité, alternance de la personnalité et de la structure démocratique ouverte, paritaire, partenaire » (1).

Jamais comme au cours de ces élections présidentielles américaines qui annonçaient l’arrivée, pour la première fois, d’une femme à la tête de la plus grande puissance mondiale, la confrontation n’aura été aussi manifestement sexuée, sexualisée, avec du côté masculin un candidat caricatural et obscène, au moi infantile tout-puissant, qui à peine élu veut déjà priver les femmes du droit à l’IVG.
Nous saluons le courage, la persévérance d’Hillary Clinton, son engagement pour les femmes qui y ont été sensibles, quoi qu’aient pu en dire les médias: elles ont voté majoritairement pour elle. Là comme ailleurs (présidentielles de 2002 en France, de 2016 en Autriche…) les Américaines l’ont confirmé: les femmes plus que les hommes refusent la violence et les extrémismes et sont garantes de la démocratie.
Plutôt que selon les traditionnels clivages Est-Ouest et Nord-Sud, la ligne de partage dans le monde s’établit aujourd’hui entre la « personnalité démocratique », hospitalière à l’autre et à l’autre en soi, solidaire, éthique, et la « personnalité autoritaire », théocratique, machiste, dominatrice, excluante. Celle qui, aux Etats-Unis comme en Turquie, en Russie ou en Pologne, au Moyen-Orient, au Vatican ou à La Mecque, se distingue par une même volonté de se ré-approprier les femmes et la maîtrise de leur fécondité, de ré-enfermer leurs forces libérées.

Plutôt que selon les traditionnels clivages Est-Ouest et Nord-Sud,
la ligne de partage dans le monde s’établit
entre la « personnalité démocratique », hospitalière à l’autre
et la « personnalité autoritaire », machiste, dominatrice, excluante.

Démocrates du monde entier unissons-nous!
Mobilisons-nous pour faire émerger des citoyens et des citoyennes, des élu-e-s, des gouvernant-e-s, suffisamment altruistes pour tourner le dos aux médiocres intérêts égotistes, pour accepter de prendre avec eux la souffrance et la détresse des femmes et des hommes et d’encourager leurs désirs, leurs espoirs, leur pulsion de vie et de création. C’est une urgence.

[1](1) Antoinette Fouque: « La parité: pour un quatrième modèle républicain », 2005, in Gravidanza, des femmes, 2007
paru le 15/11/2016 dans le Huffingtonpost