On tue une femme

On tue une femme

ON TUE UNE FEMME

Janvier 1977: Dénonciation de la misogynie lors du procès d’un mari meurtrier :

Le 23 janvier 1975, à Dieulefit, Anne-Marie THUILLIER est assassinée par son mari Guy ERAUD. Au cours du procès qui a eu lieu en janvier 1977 c’est son procès à elle qui a été fait pendant les débats.

En protestation, des femmes du MLF manifestent en silence devant le Palais de justice de Valence le 28 janvier, jour du verdict. Cette manifestation est une des nombreuses actions initiées par le MLF contre les violences faites aux femmes, pour rendre visible le traitement injuste qui leur est réservé ainsi que la trop grande tolérance de la société face à ces crimes souvent impunis. C’est le début d’une prise de conscience collective

Janvier 2018, Jonathann Daval avoue avoir étranglé son épouse Alexia, aussitôt le même scenario se met en place : « il l’a tuée mais c’est elle la coupable ». Mais cette fois l’argument tourne court et provoque une vague de protestations indignées. Les violences contre les femmes, le meurtre d’une femme tous les deux jours et demi par son conjoint en France, ne sont plus exilés dans la rubrique des faits divers et apparaissent enfin comme des faits politiques, des actes misogynes.

On continue le combat

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Première page du tract distribué à Valence, lors de cette manifestation
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MEURTRE SUR MEURTRE
ELLE ETAIT TROP VIVANTE
Epouse menacée toujours en instance d’exécution, femme battue toujours en danger de mort –réduite au silence par les coups, tuée de silence, déjà condamnée, elle est encore trop vivante. Elle veut se sauver, le quitter, elle parle, il l’étrangle, il l’achève.

Pas encore assez morte, elle est détruite, tuée une fois de plus au cours du procès et accusée de son propre meurtre, déclarée coupable.

Sa petite fille est coupée de ses racines maternelles. Ils veulent tuer la mère dans la mémoire de la fille.

SILENCE SUR SILENCE

C’était une femme, pas même votre enfant.

On tue un enfant (procès de Patrick Henry), et toute la France est menacée. On tue une femme, elle n’est pas encore assez morte, ni assez détruite, ni assez silencieuse

Assassinée, levez-vous !

C’est un meurtre politique. Nous ne demandons pas le renforcement de la justice bourgeoise, la condamnation d’un homme le renforcement d’une peine.

NOUS EXIGEONS QUE CESSE LE MEURTRE QUOTIDIEN DES FEMMES

Nous ne sommes pas à Valence pour entrer dans l’enceinte de la loi, du côté de la mort, mais vivantes pour faire tomber le mur du silence derrière lequel ils ont voulu enfermer à vie, à mort Anne-Marie.

Des femmes du Mouvement de Libération des Femmes

Nous nous rassemblons toute la journée et ce soir devant le Palais de justice de Valence