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Adoption de la loi constitutionnelle sur la parité

Pour la parité

Nous qui sommes réunies ici aujourd’hui, nous avons gagné une bataille; elle est celle du mouvement des femmes, des associations, des militantes et des citoyennes. C’est la victoire d’un mouvement de civilisation, d’un mouvement d’action et de pensée, qui depuis trente ans n’a jamais fléchi.

Après l’accès des femmes au travail, et malgré les profondes inégalités qui perdurent et face auxquelles nous ne serons jamais trop vigilantes, « l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », qui sera-semble-t-il- finalement adopté, ouvre une brèche dans le bastion rétrograde du pouvoir politique en France. Ce pouvoir rétrograde, archaïque, réservé aux hommes, la modification de la Constitution permet d’en envisager une réelle transformation.

C’est une victoire nécessaire et un grand pas vient d’être accompli.
Oui, nous aurions préféré que le terme « parité » figure dans la loi elle-même et pas uniquement son exposé des motifs. Mais nous savons bien, comme le savent aussi celles et ceux qui dans les sondages s’y sont massivement déclarés favorables, que c’est bien de la parité qu’il s’agit, c’est-à-dire d’une participation équilibrée à la vie publique, aux décisions concernant notre pays, l’Europe et le monde.

La parité est une notion qui nous vient d’Europe, et qui demain nous rapprochera davantage encore de celles qui, d’ores et déjà, ont imposé la présence des femmes dans les gouvernements et les assemblées de leur pays.

Nous venons de gagner une bataille, mais le combat est loin d’être achevé. Nous nous sommes mobilisées par dizaines de milliers, nous avons été relayées par des hommes et des femmes politiques, par des citoyens et des citoyennes mais il nous reste maintenant à accomplir la parité, à lui assurer un avenir démocratique. La parité se fera avec des femmes qu’aucune idéologie n’oblige à se renier, à s’oublier en tant que femmes; elle se fera avec des femmes qui tiennent compte de leur expérience d’êtres humains sexués, en charge du monde.
 Convertir cette extraordinaire énergie en pouvoir décisionnel est un formidable défi, qui peut faire accéder notre pays à la maturité politique et éthique, à une réelle démocratie hétérosexuée.

Création du Club Parité 2000

Au cours d’un entretien, le jeudi 23 avril 1992, Antoinette Fouque, Présidente de l’Alliance des Femmes pour la démocratie, a attiré l’attention du Premier secrétaire du Parti Socialiste, Laurent Fabius, sur la régression qui atteint les femmes aujourd’hui, notamment dans le domaine politique.
L’Observatoire de la misogynie, créé par l’Alliance des Femmes en 1989, analyse les causes et les effets de cette régression qui s’est amplifiée dans le monde entier. Les faits et chiffres publiés en novembre 1991 dans le dernier rapport de l’ONU le confirment.
En France, alors que les femmes avaient pour la première fois dans l’histoire, et sous l’impulsion du mouvement des femmes, contribué à la victoire de la gauche en 1981, leur représentativité politique s’est constamment dégradée depuis 1986. La suppression d’un ministère à part entière des Droits des femmes, puis le départ d’Édith Cresson de Matignon en sont la preuve.
Le fait que les femmes apportent désormais leurs voix aux partis écologistes, qui respectent davantage la parité, témoigne pourtant de leur volonté de participer à la vie politique.
C’est pourquoi Antoinette Fouque a décidé de créer le Club Parité 2000.
Il a pour vocation, en informant et en formant les femmes, de leur faciliter l’accès aux responsabilités politiques et à l’éligibilité, de les préparer aux prochaines échéances électorales et de leur permettre d’affirmer durablement leurs talents d’élues. La démocratie a tout à y gagner.
Une université d’été est prévue fin août ( les 28, 29 et 30, à La Garde Freinet, Var).