Non aux poursuites contre les Femen pour « exhibition sexuelle »

Non aux poursuites contre les Femen pour « exhibition sexuelle »

Femen MLF Tribunal de Lille 2016

Lettre ouverte à monsieur le Procureur de la République
de Lille

24 février 2016 – Lettre ouverte
Monsieur le Procureur de la République,
Le 24 février prochain, trois militantes du mouvement FEMEN comparaîtront, à la suite de votre décision, devant le Tribunal de Lille pour répondre de l’accusation d’«exhibition sexuelle ». Le 10 février 2015, elles avaient manifesté le torse recouvert de slogans contre la prostitution et les violences sexuelles faites aux femmes, devant le Palais de Justice de Lille, à l’occasion du procès dit « du Carlton ».
Au cours de ce procès pour proxénétisme, ceux qui ont reconnu avoir eu des pratiques sexuelles violentes à l’encontre de femmes prostituées, ont été relaxés. Et ce sont finalement les militantes venues dénoncer ces violences qui sont poursuivies sur le fondement inique d’une prétendue « agression sexuelle ». Les femmes seraient-elles encore et toujours coupables, et jamais victimes ?
C’est grâce à l’engagement résolu des mouvements des femmes au cours des dernières décennies  que la notion d’agression sexuelle, en tant qu’atteinte à l’intégrité de la personne humaine, a été inscrite dans notre Droit,  et  que les violences contre les femmes sont aujourd’hui identifiées et poursuivies. Pourtant, la France est bien loin de les avoir éradiquées comme le montrent les dernières statistiques qui constatent une augmentation constante des viols et des violences faites aux femmes, ainsi que l’essor de l’exploitation sexuelle de leur corps par la prostitution. Nous sommes convaincues que de nouvelles avancées démocratiques sont nécessaires dans la loi et dans son application, pour lutter efficacement contre ces crimes qui brisent chaque année des milliers de vies.
Les trois FEMEN manifestaient dans ce but, et c’est un comble qu’elles doivent comparaître pour délit d’« exhibition sexuelle », encourant ainsi une condamnation qui ferait de ces militantes politiques – et le caractère politique de chacune de leurs manifestations est unanimement reconnu – des « délinquantes sexuelles », frappées d’interdictions professionnelles !
Une telle poursuite sous une telle qualification défigure et dégrade notre combat. Elle pervertit l’esprit de la loi en la retournant de manière inadmissible contre des jeunes femmes courageuses qui ne font que s’insurger contre une situation inacceptable.
En tant que membres de la société, dont vous êtes le représentant, nous protestons avec force contre les poursuites engagées à l’encontre des militantes FEMEN. Nous vous demandons de les abandonner purement et simplement afin de  mettre un terme à une injustice notoire et à une dangereuse régression démocratique, et d’envoyer ainsi un message fort d’égalité et de justice sociale à l’ensemble de notre République.

Cette lettre est à l’initiative de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD/MLF) et du Mouvement FEMEN,
Premier(e)s signataires :
Adonis, poète, Mélanie Albatangelo, avocate, Catherine Bahuchet, avocate, Claire Barré, scénariste, romancière, Sophie Bassouls, photographe, Nicole Belmont, anthropologue, Directrice de Recherche, EHESS, Karim Benmiloud, Professeur (université Montpellier), membre de l’Institut, Sara Calderon, Maître de conférences (Université de Nice), Chantal Chawaf, écrivaine, Fanny Cottençon, actrice, Edith Cresson, ancien Premier Ministre, Roger Dadoun, psychanalyste, philosophe, Colette Deblé, peintre, Francine Demichel, Professeur de Droit Emerite (Paris VIII), Sophie Demichel, Philosophe, écrivaine, Eve Ensler, écrivain, scénariste, féministe ( USA), Lydie Err La médiateure du Grand-Duché de Luxembourg Lidia Falcon, Avocate, Présidente du Parti Féministe (Espagne), René Fouque, AFD, Jean Pierre Gastaud, avocat, professeur de Droit ( Paris Dauphine), Barbara Glowczewski, anthropologue, directrice de recherche au CNRS, Jean Joseph Goux, philosophe, François Guéry, philosophe, Deborah Hassoun, scénariste, Sophie Keir, artiste (USA), Georges Kiejman, avocat, ancien ministre, Karim Lahidji, Président de la FIDH, Françoise Lalanne, avocate, Agnès Jaoui, réalisatrice, comédienne, Nathalie Léger- Cresson, écrivaine, Virginie Legrand, Catherine Lopes Curval, peintre, Caroline Mécary, avocate, Macha Méril, actrice, Jacqueline Merville, écrivaine, Kate Millet, écrivain, critique féministe (USA), Marie-Agnès Palaisi-Robert, Professeur (Université Toulouse-Jean Jaurès), directrice de l’IPEAT, Mengue M’Eyaà, Présidente du Mouvement Civique des Femmes (Gabon), Taslima Nasreen, écrivain, Prix Sakharov, Catherine Perret, philosophe, professeur (Paris VIII), Emmanuel Pierrat, avocat, écrivain, Cécile Quintina, Professeure (Université de Poitiers), Patricia Rodrigues, écrivain, psychanalyste( Mexique), Kadidia Sangaré, avocate, Présidente de la Commission des droits de l’homme (Mali), Géraldine Sat-Duparay, avocate, Maud Silberberg, avocate, Christine Spengler, reporter de guerre, photographe, Alain Touraine, sociologue, Isabelle Touton, maître de conférences, (université Bordeaux-Montaigne), Sandrine VERGONJEANNE, avocate, Marina Vlady, actrice, Catherine weinzaepflen, écrivaine, Yu Zhou, Happy Togayther LGBT (franco-chinoise)., Guillaume Zambrano, enseignant-chercheur en Droit, (université de Nîmes), Monica Zapata, Professeure (Université de Tours), directrice du CIREMIA, Makhi Xenakis, artiste.
ET, Femmes Solidaires, Elles Aussi…

 

Manifestation en solidarité avec #Femen

24 février 2016 – Rassemblement
Rassemblement devant le Palais de Justice de Lille du 24 février 2016 pour la relaxe
Ce matin mercredi 24 février 2016, dès 8 heures du matin, devant le Palais de justice de Lille où elles comparaissent pour « exhibition sexuelle » alors qu’elles agissaient contre les violences faites aux femmes ! Manifestation à l’appel de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, le Planning Familial, la Maison des femmes de Lille, Femmes Solidaires, Osez le féminisme.

Avec les FEMEN en « Marianne de la République » nos slogans étaient :
« Militantes pas délinquantes »
« Condamnez les proxénètes, Relaxez les FEMEN »
« Notre corps notre manifeste »
« Nous ne sommes pas des exhibitionnistes »
« Féministes pas criminelles »