Page 19

Solidarité avec les femmes d’Hassi Messaoud

Actuellement, comme en 2001, dans le Sud de l’Algérie, à Hassi Messaoud, des hordes d’hommes se livrent à de véritables pogroms contre des centaines de femmes venues travailler dans la région.
Ils viennent les chercher dans leurs habitations pour les voler, les violer, voire les tuer. L’État algérien n’intervient pas.
La mobilisation est vitale pour exiger qu’il poursuive les criminels et apporte aide, réparation et sécurité aux femmes.
L’Alliance des Femmes pour la Démocratie se joint aux associations algériennes et françaises ainsi qu’aux partis qui appellent à un rassemblement devant l’ambassade d’Algérie lundi 10 mai, de 18 à 20 heures, place Narvik, Paris 8ème, métro Courcelles, en solidarité avec les femmes agressées à Hassi Messaoud.
Les violences misogynes sont chaque jour plus nombreuses et plus meurtrières.
Il est très important de manifester un engagement à les combattre là-bas et ici, comme partout dans le monde.

Solidarité avec Taslima Nasreen, privée de liberté

Taslima Nasreen

Décembre 2007 Après avoir dû s’exiler en 1994 du Bangladesh, son pays, où sa vie était menacée par une fatwa des intégristes musulmans, c’est maintenant en Inde que Taslima Nasreen, écrivain et grande figure du combat pour les droits des femmes, est en danger.
Elle était à l’automne dernier agressée physiquement par des groupes islamistes tandis que d’autres mettaient sa tête à prix, et d’autres encore réclamaient son expulsion.
Elle a été contrainte de quitter sa maison de Kolkata, dans l’Etat du Bengale, et vit aujourd’hui en un lieu tenu secret, confinée dans une chambre dont elle ne peut pas sortir, interdite de contacts avec le monde extérieur.
Taslima Nasreen doit pouvoir vivre, se déplacer en Inde et dans le monde en toute hospitalité et en toute sécurité!
Mobilisons-nous, manifestons-nous auprès des autorités indiennes.

Taslima Nasreen à Paris, au colloque
« Femmes en mouvements, hier et aujourd’hui pour demain » organisé par l’AFD

Octobre 2006 – Intervention
« Ma maison, c’est l’amour que je reçois des femmes »
« (…) Personne ne m’a poussée à contester, mais dès mon tout jeune âge, j’ai eu très fortement le sentiment de l’importance de lutter contre l’oppression. Personne ne m’a demandé de verser des larmes, mais j’ai pleuré. Personne ne m’a suggéré que je pouvais aider à changer l’état des choses, mais j’ai voulu faire quelque chose de constructif et j’ai écrit des livres. J’ai écrit sur la nécessité pour les femmes de comprendre pourquoi elles sont opprimées et pourquoi elles doivent se battre contre l’oppression. Pendant des siècles, on a appris aux femmes qu’elles sont les esclaves des hommes, qu’elles ne doivent pas contester le système patriarcal, qu’elles doivent rester silencieuses face à leurs violeurs. De ce fait, il a été difficile pour les femmes d’accepter l’idée qu’elles sont des êtres humains comme les autres et qu’elles ont le droit de vivre comme des êtres humains, dans l’indépendance et l’égalité. Par mon écriture, j’ai essayé d’encourager les femmes à combattre pour leurs droits et leur liberté. Ma voix a donné aux femmes la possibilité de penser différemment. Les fondamentalistes religieux et les machistes n’ont pas apprécié. Ils ont refusé d’avoir la moindre tolérance à l’égard de mes idées. Ils n’étaient pas d’accord pour qu’une femme brise ses chaînes et devienne libre. Ils ne pouvaient tolérer que je dise que les textes religieux sont dépassés et déplacés. J’ai provoqué leur colère parce que j’ai affirmé que la loi religieuse, qui pratique la discrimination à l’encontre des femmes, doit être remplacée par un droit laïc dans un code civil unique. Rapidement, des centaines de milliers d’extrémistes sont sortis dans les rues et ont demandé que je sois exécutée par pendaison. On a lancé une fatwa contre moi, on a mis ma tête à prix. Au lieu de s’en prendre aux fondamentalistes, le gouvernement s’en est pris à ma personne. Il a ouvert une instruction contre moi pour blasphème. On a lancé contre moi un mandat d’arrêt. Je n’ai eu d’autre choix que de me cacher. Après le versement d’une caution, j’ai dû quitter mon pays. Depuis, j’ai essayé de rentrer dans mon pays, mais c’est impossible. On ne m’y autorise pas. Malgré toute cette pression, j’ai continué à écrire. Dans mes poèmes, mes textes en prose, mes essais, mes romans, j’ai défendu les opprimés. J’ai réclamé avec force l’égalité et la justice, la justice pour tous, quelle que soit leur religion et quel que soit leur sexe. Je me suis exprimée avec force en faveur de la séparation de la religion et de l’Etat, en faveur d’un droit laïc, en faveur d’une éducation laïque. (…) J’ai pris la plume pour dénoncer toutes les formes de violence physique et sexuelle, le terrorisme religieux et les discriminations patriarcales contre les femmes. Et j’ai un rêve : je rêve d’un monde où aucune femme ne sera opprimée, où aucune femme ne sera victime de trafics, de jet d’acide, de viol, d’agression sexuelle. Je rêve d’un monde où les êtres humains se respecteront les uns les autres, où ce respect ne débouchera pas sur la guerre, le sang versé, ou la violence. J’ai pris la plume pour que mon rêve devienne réalité, pour qu’advienne un monde éthique où l’humanité prospèrera avec des êtres humains non pas pleins de haine mais pleins d’amour. Dans ce combat pour un humanisme laïc, mon arme c’est ma plume mais c’est avec leurs épées que les extrémistes religieux sont venus pour me tuer. Ils ont brûlé mes livres, ils ont poursuivi mes éditeurs pour m’avoir publiée, et ils ont attaqué les librairies où mes livres sont en vente. Ma liberté d’expression a été constamment violée par les autorités gouvernementales. J’ai écrit 28 livres, dont cinq ont été interdits par le gouvernement du Bangladesh – d’autres actions ont été engagées contre moi pour interdire mes autres livres. Un tribunal du Bangladesh m’a condamnée à un an de prison pour mes écrits. Récemment, le gouvernement a interdit les quatre volumes de mes mémoires autobiographiques. Dans ceux-ci, je n’ai pas seulement écrit l’histoire de ma vie. C’est aussi l’histoire de milliers de femmes qui vivent dans une société patriarcale où elles souffrent à cause de toutes sortes de traditions. Nous, les victimes, nous devons crier avec force. Il faut qu’on nous entende. Nous devons protester à voix forte et exiger notre liberté et nos droits. Il faut que nous refusions qu’on nous mette les fers, qu’on nous enchaîne, qu’on nous batte, qu’on nous menace. Si les femmes ne se battent pas pour mettre fin à un système religieux patriarcal et oppressif, alors, honte aux femmes ! Honte à nous de ne pas protester, de ne pas combattre, de laisser se perpétuer un système qui affectera nos enfants et les enfants de nos enfants. Mon histoire n’est pas unique. Les expériences que j’ai subies l’ont été malheureusement par des millions d’autres victimes. Dans mes livres, j’ai pleuré sur mon propre sort. J’ai pleuré aussi sur le sort de tous les êtres qui n’ont pas été à même d’avoir la vie productive dont ils sont capables et qu’ils méritent à tous égards. Nous les femmes, nous ne devons pas continuer à pleurer doucement, solitaires et isolées. Et c’est parce que j’ai cessé de pleurer dans la solitude qu’on m’a fait souffrir. J’ai été chassée hors de mon propre pays. Au lieu de pouvoir vivre dans la partie du monde où je suis née et où j’ai grandi, il ne me reste comme alternative que de vivre dans le monde occidental, où je me sens comme une étrangère. Je suis étrangère dans mon propre pays, je suis étrangère en Occident où je vis. Où puis-je aller ? Nulle part. Pour moi, l’exil est un arrêt d’autobus où j’attends l’autobus pour rentrer à la maison. Il y a maintenant plus de douze ans que j’attends en exil. Et je n’ai pas le sentiment qu’il y ait une maison qui soit la mienne, ni un pays qui soit le mien. J’éprouve un sentiment de désespoir et de détresse. Parfois je me demande s’il est vrai que je n’ai pas de maison. Une part de moi-même répond par l’affirmative. Mais une autre dit que non, ce n’est pas vrai. J’ai une maison. Ma maison, c’est l’amour, l’amour que je reçois des femmes, de toutes les femmes de par le monde. C’est cela ma maison, l’amour que je reçois des rationalistes, des libres penseurs, des laïques, des humanistes. L’amour que j’ai reçu de vous, voilà ma maison. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait ou de ce que j’ai écrit. Quoi qu’il arrive, je continuerai à me battre contre toutes les forces extrémistes, fondamentalistes, intolérantes, sans compromis, jusqu’à ma mort. Je me réjouis de pouvoir parler dans ce colloque international. Je suis tellement heureuse de voir que les femmes sont unies. Si les femmes s’unissent, tous les problèmes d’inégalité et d’injustice à l’endroit des femmes seront résolus. Si les femmes s’unissent, il deviendra facile pour elles de conquérir le pouvoir politique, le pouvoir social, le pouvoir économique. Je veux exprimer ma gratitude pour la sympathie, le soutien et la solidarité que ce forum des femmes m’a manifestée. Ce soutien me renforce encore dans ma détermination à continuer ma lutte. Merci à toutes et à tous. Merci beaucoup.  » Taslima Nasreen

Nous sommes mobilisées depuis 1994 (voir le catalogue des Éditions des femmes, page 228)
Taslima Nasreen a publié aux Éditions des femmes Femmes manifestez-vous en 1994

Texte mise à jour

Pour la libération des infirmières bulgares

Les cinq infirmières et le médecin bulgares qui, depuis huit ans, étaient détenus dans les prisons libyennes pour un crime qu’ils n’avaient pas commis ont enfin été libérés le 24 juillet 2007. Tout au long de ces huit années de leur détention de nombreuses associations dont  Avocats sans frontières, Ensemble contre la peine de mort, le Collectif SIBEL ; l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, le Collectifs des infirmières belges, ont manifesté leur soutien, à ces femmes et à cet homme emprisonnés dans des conditions inhumaines, en organisant une mobilisation permanente et des actions de solidarités innombrables. La Bulgarie, la France, l’Union Européenne, le Qatar, ont mené une action déterminée depuis deux ans pour rendre possible une issue conforme aux droits humains. Ces efforts conjugués ont sauvé leurs vies et permis leur libération, dont nous nous réjouissons de tout cœur.

Pour la libération des infirmières bulgares
Nous pouvons les sauver !
Février 2007 – Pétition
Le 19 décembre 2006, la peine de mort a été prononcée contre cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien. Ils étaient venus apporter leur aide à l’hôpital de Benghazi. Or ils ont été accusés d’avoir délibérément inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants libyens qui y étaient soignés.
Depuis sept ans, ils sont détenus en Libye, victimes de torture et de mauvais traitements. Victimes aussi d’un système de santé libyen délabré, qui dissimule ses manques par une injuste calomnie, une détention arbitraire, demain peut-être par un crime.
La Bulgarie fait désormais partie de l’Union Européenne. Avec les gouvernements des pays européens et les États-Unis, elle se mobilise pour tenter de les sauver.
Le 17 janvier 2007, le Parlement européen a condamné le verdict de la cour pénale libyenne. Il a demandé aux autorités libyennes de le faire annuler et au président Kadhafi d’assurer la libération des infirmières et du médecin.
Il est urgent que les 12 et 13 février prochains, le Conseil des Ministres des Affaires Étrangères de l’Union, saisi de cette question par la France, prenne toutes mesures nécessaires à ces fins.
Le 6 octobre 2006, Antoinette Fouque et l’Alliance des femmes pour la Démocratie lançaient un appel :
« Notre solidarité active peut sauver les vies
de Christiana Malinova Valcheva, Valia Georgieva Cherveniaskha, Nassya Stoitcheva Nenova, Valentina Manolova Siropulo, Shezhana Ivanova Dimitrova et Ashraf Ahmad Jum’a
et obtenir leur libération.
Il est urgent de la manifester auprès de l’ambassade de Libye à Paris par des lettres, des télégrammes, des appels (2, rue Charles Lamoureux 75016 Paris – Tél : 01 45 53 40 70)
Parmi les signataires : Michèle André, Vice-Présidente du Sénat, Sylviane Agacinski, Philosophe, Ariane Ascaride, Comédienne, Roselyne Bachelot-Narquin, Députée européenne, Sophie Bassouls, Photographe, Delphine Batho, Secrétaire nationale du PS, Charles Berling, Comédien, Dominique Blanc, Comédienne, Bérangère Bonvoisin,
Comédienne, Chantal Chawaf, Écrivaine, Helène Cixous, Écrivaine, Edith Cresson, Ancienne Première Ministre, Marie Darrieussecq, Écrivaine, Julie Debazac, Comédienne, Francine Demichel, Professeur de droit, Chadhortt Djavann, Écrivaine, Antoinette Fouque, Co-fondatrice du MLF, Michèle Freud, Psychothérapeute, Gisèle Gauthier, Sénatrice,
Sylvie Germain, Écrivaine, Claire Gibault, Députée européenne, Benoîte Groult, Écrivaine, Elisabeth Guigou, Députée, Catherine Guy-Quint, Députée européenne, Gisèle Halimi, Avocate, Françoise Héritier, Anthropologue, Georges Kiejman, Avocat, ancien Ministre, Catherine Lalumière, Ancienne Vice-Présidente du Parlement Européen, Noëlle
Lenoir, Ancienne Ministre, Marie-Noëlle Lienemann, Députée européenne, Macha Méril, Comédienne, Danielle Mitterrand, Présidente de France-Libertés, Fadela M’Rabet, Écrivaine, Taslima Nasreen, Écrivaine, Nelida Piñon, Écrivaine, Michèle Ramond, Écrivaine, Line Renaud, Comédienne, Sonia Rykiel, Créatrice de mode, Coline Serreau, Réalisatrice, Christiane Taubira, Députée, Alain Touraine, Sociologue, Simone Veil, Membre du Conseil Constitutionnel…
Et les associations : Arborus, Confédération syndicale des familles monoparentales, Elles Aussi, Maia, SOS femmes de Meaux et Jacques Lansac, Président du Collège national des Gynécologues obstétriciens français.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Séminaire sur la pensée d’Antoinette Fouque

Sorbonne avec Antoinette Fouque

La Sorbonne Nouvelle-Paris III et l’équipe « Centre de Recherches en Études féminines »,
dans le cadre du séminaire « Diversités culturelles, différences sexuelles » de Mireille Calle-Gruber (Paris VIII)
et l’Institut d’Enseignement et de Recherche en Sciences des Femmes a organisé un Séminaire avec Antoinette Fouque Jeudi 10 mai 2007
Communications :
Eberhard Gruber : Pour une placentologie
Francois Guery, Professeur de philosophie (Lyon III) : La chair qui pense
Anne-Marie Planeix, Professeure de philosophie : D’un Matérialisme
Chantal Chawaf, écrivaine : Ecriture Matricielle, Ecriture Matricide
Antoinette Fouque, co-fondatrice du MLF et créatrice de « Psychanalyse et Politique », psychanalyste : « Gravidanza »
Débat avec :
Armelle Lebras-Chopard, Professeure de Sciences politiques (Université de Versailles), Francine Demichel, Professeure de droit (Paris VIII), Michèle Ramond écrivaine, Professeure de littérature (Paris VIII), Francoise Ducrocq, Professeure d’histoire de la civilisation britannique (Paris VII Denis Diderot, Institut Emilie du Châtelet), Milagros Ezquerro Professeure de théorie littéraire (Paris IV), Jean Pierre Sag, Psychanalyste, maître de conférence (Paris I-Panthéon Sorbonne), Colette Deblé, artiste peintre, Florence Emptaz, écrivaine, Séverine Auffret, philosophe (Université Populaire de Caen), Bibia Pavard, Historienne (Institut d’Études Politiques de Paris), Nadia Setti, Professeure d’Etudes Féminines (Paris VIII)
Mélina Balcazar, Hawa Konte, Béatrice Rodriguez, Mélanie Sag, Arafat Sadallah, doctorantes et des femmes  du groupe « Psychanalyse et Politique ».
Nous vous informerons des dates des prochains séminaires.

Ils ont lapidé Ghofrane

Ils ont lapide Ghofrane

Octobre 2004, le corps de Ghofrane Haddaoui, 23 ans, est découvert sur un terrain vague de Marseille, recouvert de multiples blessures, le crâne défoncé. L’autopsie établira que la jeune femme est morte après de longues heures d’agonie. Profondément atteinte, sa mère entreprend alors avec une détermination et une force peu communes de découvrir la vérité, une façon de se battre pour sa fille et de permettre à sa famille de traverser l’épreuve debout. Parallèlement à l’enquête de police, et avec une énergie désespérée, elle se bat sur tous les fronts, créant un vaste mouvement de solidarité, et commence ses propres recherches, aidée de ses autres enfants et des amis plus ou moins proches, sincèrement touchés par l’horreur du drame. Alors que les premiers éléments de l’enquête officielle se limitaient à un suspect, elle parvient à retrouver des témoins qui amèneront à deux inculpations supplémentaires. Il est essentiel pour cette mère en deuil d’infirmer la théorie de la défense plaidant, classiquement, un crime passionnel et d’établir que sa fille a été lapidée, par plusieurs personnes, de la façon la plus terrible qui soit. Pour que justice soit faite.

En solidarité avec Monia Haddaoui, les éditions Des femmes-Antoinette Fouque publient son témoignage, « Ils ont lapidé Ghofrane » en 2007, se porte partie civile à ses côtés lors du procès qui s’est tenu du 10 au 13 avril 2007.
Le 13 avril 2007 à 18h, l’AFD appelle à un rassemblement devant la cour d’assise des mineurs d’Aix en Provence organisé par le comité de soutien à Ghofrane qui a rassemblé plus de 200 personnes.

Journée internationale des femmes, 9 mars 2007

journee-internationale-des-femmes-8-mars-07

Grand rassemblement à l’Institut océanographique de Paris.
Plus de 500 personnes, de différents horizons politiques, se sont retrouvées à l’Institut Océanographique et ont débattu pendant six heures de l’état des lieux pour les femmes et de la situation politique inédite en France, où une femme de gauche, Ségolène Royal, a des chances d’être élue à la présidence de la république.
Trois grands thèmes ont été abordés : développement démocratique, développement économique et développement humain. Ils ont permis de formuler des propositions en vue d’élaborer une politique globale pour les femmes.
La solidarité internationale pour Aung San Suu Kyi et pour les infirmières bulgares, gravement menacées aujourd’hui, a eu une large place.

La démocratisation de la société : les femmes en politique et la parité
Elisabeth Guigou, députée socialiste de Seine-Saint-Denis, ancienne ministre et Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris, conseillère régionale socialiste d’Ile-de-France, ont souligné la nécessité de  » terminer la révolution de la parité » à tous les niveaux et dans tous les organes représentatifs et ont affirmé l’importance du vote pour Ségolène Royal.
Christiane Taubira, députée de Guyane du Parti radical, ancienne députée européenne, a déclaré avec force « Nous femmes, nous donnons assaut au pouvoir, oui, nous allons prendre la citadelle …» et a développé l’idée de Aung San Suu Kyi : « Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt mais la peur ».
Plusieurs femmes élues Huguette Legros, Reine Mataix et Marie-Thérèse Guidoux, membres de l’association « Elles aussi », ont témoigné de la rudesse du combat quotidien pour transformer les pratiques de la vie politique et insisté sur la nécessité de la parité à toutes les élections.
Antoinette Fouque, qui a animé les débats, a rappelé que le mouvement des femmes, indépendant des partis, avait été le moteur de toutes ces avancées, entraînant la gauche, avec le relais des femmes dans les syndicats et les partis, et finalement aussi la droite, jusqu’aux grandes réformes législatives pour les droits des femmes : la loi sur l’IVG, par exemple, arrachée par les luttes des femmes, défendue par une ministre de droite et votée grâce aux voix de la gauche ; la loi sur la parité voulue par un gouvernement de gauche et adoptée aussi avec des voix de droite : « La révolution du symbolique est enracinée puissamment à gauche…ici, parler des femmes, c’est presque parler de la gauche » a-t-elle ajouté.
Claude du Granrut, ancienne députée européenne et vice présidente UDF du Conseil régional de Picardie, a témoigné de la nécessaire solidarité -au-delà des appartenances politiques- entre les femmes du mouvement et les femmes politiques, de gauche, de droite. Elle dit l’avoir expérimentée au Parlement européen alors qu’Antoinette Fouque y était élue, et fait le constat que, au-delà de toutes les victoires, la bataille devait absolument être poursuivie.
La journaliste Christine Clerc, qui a précisé n’avoir pas encore fait son choix pour l’élection, a évoqué la misogynie des médias, en général et à l’égard de la candidate socialiste, en particulier, posant cetet question cruciale « Comment pourrait-il y avoir une parité en politique si les femmes restent invisibles ou sont l’objet d’attaques incessantes dans les médias ? », s’est-elle très légitimement demandé.
Analyse et questions relayées au cours de la soirée par Isabelle Germain co-présidente de l’Association des femmes journalistes, puis par Marlène Coulomb, Professeure en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Toulouse.
Maité Albagly, pour le Planning familial, a dit combien elle approuvait dans le programme de Ségolène Royal, la gratuité de la contraception pour les jeunes filles avant 25 ans et la promesse de loi cadre contre les violences. Elle a demandé un vrai ministère de l’Egalité hommes-femmes,  qui constitue un « observatoire interministériel » et soit doté de « vrais moyens » pour que les promesses faites depuis de nombreuses années soient enfin tenues.
Dans le même sens, Antoinette Fouque a souhaité, comme elle l’avait fait dans une proposition à Michèle André, alors Secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes, la création d’un poste de Vice-premier ministre, de l’autre sexe que celui du premier ministre. La parité dans la prise de décision deviendrait plus effective au plus haut niveau, et cela permettrait également de prendre en compte la transversalité des questions des femmes
Dans ce débat sont intervenus également Kate Millett et Alain Touraine. La première, grande figure du féminisme américain, écrivaine, qui, après avoir rendu hommage aux luttes des femmes iraniennes, -33 militantes des droits des femmes emprisonnées à Téhéran le 4 mars 2007 -, a déclaré : « Partout des femmes se lèvent en toute indépendance, rien ne les arrêtera et c’est avec une grande joie et beaucoup d’admiration que, depuis les Etats-Unis, nous suivons le parcours de Ségolène Royal ».   Le second, sociologue, auteur du récent « Le Monde des femmes », a dit son inquiétude devant les régressions qui menacent la société française et placé au centre des débats le problème des femmes, « le problème le plus général, celui qui touche le plus d’aspects de notre société et de notre culture ».

Laïcité
Wassyla Tamzali, ex-responsable du programme femmes à l’UNESCO, est venue d’Alger apporter son soutien à Ségolène Royal dont la candidature est si importante pour les femmes. Elle a souligné la nécessité absolue pour la France, de défendre la laïcité et regretté vivement qu’il y ait «dans la société politique française une trop grande tolérance pour l’infériorisation des femmes d’autres cultures ».  Les conventions bilatérales avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, sont notamment, le signe d’ «une acceptation profonde de l’inégalité» et il faut y mettre fin.
Elle a été vivement appuyée par Jacques Lansac, Président du Collège des gynécologues-obstétriciens de France. Celui-ci a protesté contre des atteintes violentes au principe de laïcité de la part d’intégristes religieux dont des femmes sont trop souvent victimes dans les hôpitaux, ainsi que les équipes soignantes, .
De même Agnès Maresse, la secrétaire générale de l’ACGF (Action Catholique Générale Félminine), s’est réclamée de la laïcité comme d’ une valeur de notre démocratie, portée par les femmes de son association.
Antoinette Fouque a mis en évidence que « les femmes qui n’ont jamais fait partie du « clergé », des « clercs » , sont, au sens propre comme au sens figuré, « la laïcité même ». Ségolène Royal rend au peuple les trois vertus que les religions ont confisqué à leur profit : l’espérance, la foi, la charité qui sont celles des femmes » a-t-elle dit, ajoutant que sa candidature représente « une sortie des monothéismes, tous écrasants pour les femmes. »

Lutter contre la pauvreté et les violences à l’égard des femmes : la condition d’un développement durable
Le constat général est très négatif avec une pauvreté et une précarité qui se féminisent toujours davantage et dont les effets sont particulièrement dévastateurs pour celles qui élèvent seules leurs enfants. Avec aussi une montée des violences contre les femmes dans la famille comme à l’extérieur, sans que les pouvoirs publics n’aient mesuré l’urgence de les combattre globalement et avec détermination.
Seynabou Dia, Directrice générale adjointe du Secours populaire français, a relevé que la pauvreté des femmes reste « invisible »,alors même que la majorité des RMIstes sont des femmes, que 8000 d’entre elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté et que bien d’autres faits et chiffres démontrent sa réalité.
Marie-Noëlle Blazy, de l’Association pour la réinsertion sociale à Marseille, a rappelé que 10 000 adolescentes deviennent mères chaque année et se retrouvent privées de tous droits sociaux, menacées plus grand dénuement.

Monia Haddaoui a témoigné de son combat pour obtenir justice pour sa fille Ghofrane, et appelé à la mobilisation au moment du procès de ses meurtriers présumés, qui doit avoir lieu les 10, 11, 12 avril aux Assises d’Aix-en-Provence et auquel L’Alliance des femmes pour la d émocratie sera partie civile.
Muriel de Gaudemont, présidente de la Commission femmes d’Amnesty International qui fait campagne contre les violences faites aux femmes, s’est scandalisée de l’absence de réaction de la société française devant le fait qu’une femme est tuée, par un proche, tous les trois jours au pays des droits de l’homme.
Céline Laplante, responsable d’un foyer de femmes battues à Meaux a constaté que ce drame social est toujours tenu dans l’invisibilité et que les structures d’accueil sont très insuffisantes pour faire face aux besoins.
Malka Markovich, directrice pour l’Europe de la Coalition contre la traite des femmes (CATW), a rappelé que la prostitution est la pire des violences et réaffirmé le combat de son association pour obtenir la pénalisation des clients de la prostitution.

La santé génésique et le développement humain
Avec plus de 830 000 naissances en 2006, en France, les femmes ont battu le record de fécondité européen mais de nombreux problèmes subsistent : accès pour les femmes à une médecine spécialisée, lutte contre les contaminations et l’infertilité. La santé génésique doit être reconnue comme une priorité nationale.
Marie-Anick Rouméas, gynécologue médicale, a lancé un cri d’alarme sur le recul du nombre de gynécologues. La relève n’est plus assurée alors que c’est la seule spécialité qui prend en charge la santé des femmes dans sa spécificité et sa globalité. Le recrutement des gynécologues en nombre suffisant doit être relancé.
La contamination par le virus du SIDA frappe de plus en plus de femmes, Barbara Wagner, présidente de l’association Femmes Positives a témoigné de la lutte de ces femmes délibérément contaminées par leur compagnon, leur mari, pour faire reconnaître le caractère criminel de cet acte.
Laure Camborieux, présidente de l’association MAIA contre l’infertilité, a souhaité faire entendre la voix des couples infertiles pour que soient mises en place des mesures qui facilitent les dons de gamètes, et pour que soient discutées la question de l’anonymat du don ainsi que la reconnaissance de «  la gestation pour autrui ».
Régine Sellier, pédiatre à Marseille, est intervenue à propos de l’accouchement sous X :. « L’enfant né sous X n’a pas de filiation, il est a-filiation. Alors que l’enfant est issu du corps d’une femme qui est un être sexué, vivant, qui pense et qui parle, la loi organise ici un statut qui indique qu’ils ne sont nés de personne ».(…) « Cela représente la forclusion du corps de la mère selon le concept d’Antoinette Fouque, c’est comme si ces femmes n’existaient pas, c’est la mise mort symbolique des femmes qui s’opère ici »  
Comment sortir de cette forclusion et pourtant préserver le secret, quand celui-ci est vital pour la mère ?

Les solidarités internationales ont été évoquées tout au long de de cette soirée avec le souci de développer des moyens efficaces pour faire face à toutes les urgences.
Bernadette Sayo, réfugiée politique, Présidente de l’OCODEFAD, a témoigné de son combat et lancé un appel à la solidarité avec les femmes et les enfants victimes de viols pendant la guerre civile de 2002 en République Centre Africaine.
Philippine Leroy-Beaulieu, actrice, initiatrice de l’opération « 90 jours pour sauver Aung San Suu Kyi », est intervenue pour rappeler le scandale de sa détention par la junte birmane et la nécessité de la mobilisation pour sa libération.
Antoine Alexiev représentant d’ « Avocats sans frontières » et Thierry Vernet du collectif SIBEL, évoquaient la même nécessité pour sauver les vies des infirmières bulgares condamnées à mort en Libye. Une cause à laquelle l’Alliande des femmes a significativement contribué.
Antoinette Fouque a évoqué sa rencontre avec Aung San Suu Kyi, à son retour de Pékin en 1995 et rendu hommage à son courage et à sa détermination exemplaires. Elle propose une fédération des associations pour faire face à toutes ces urgences car : « C’est la même cause, c’est la vie ».
Tels sont les enseignements tirés de ces débats qui ont pris fin après minuit, riches d’expériences et « d’espérances » dans un avenir plus solidaire pour tous et plus clément pour les femmes, plus à l’écoute de leurs mouvements vitaux pour la société.

La conviction était partagée par une grande partie des participantes, que pour faire aboutir ces propositions, « côté cœur et côté raison », il faut voter et faire voter pour Ségolène Royal dès le premier tour de cette élection présidentielle.

Femmes de mouvements 1968 – 2006

Colloque Alliance des Femmes 2006

Femmes de mouvements, hier, aujourd’hui, pour demain 1968 – 2006
Samedi 4 et dimanche 5 novembre 2006 à la Sorbonne
À l’initiative de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie et de l’Institut de Recherches en Sciences des Femmes, ce colloque a été dédié à Aung San Suu Kyi.
Programme
Octobre 1968 : naissance du Mouvement de Libération des Femmes.
Octobre 2006 : plusieurs femmes seront candidates à la Présidence de la République
avec, pour certaine(s), de réelles chances de gagner.
Pendant près de 40 ans, quels ont été nos combats, nos victoires ?
Où en sommes-nous ?
Que voulons-nous ?
Que nous reste-t-il à accomplir ?
D’hier, d’aujourd’hui, pour demain, des femmes responsables de nombreux pays et de différentes générations témoignent, font un bilan et ouvrent des perspectives.

Samedi 4 novembre
Naissance d’un mouvement
Antoinette Fouque, Josiane Chanel, Françoise Borie, Joëlle Guimier, Sylvina Boissonnas, Martine Dombrovski… militantes de la première heure, témoignent avec : Nelly Las historienne – Séverine Auffret philosophe – Bibia Pavard doctorante au Centre d’histoire de Sciences Po
Faire l’histoire – hier et aujourd’hui pour demain
Michèle André vice-présidente du Sénat, ancienne ministre des Droits des femmes – Antoinette Fouque co-fondatrice du MLF, ancienne députée européenne – Simone Veil ancienne ministre d’Etat, membre du Conseil constitutionnel – Edith Cresson ancienne Premier Ministre et ancienne Commissaire européenne – Alain Touraine sociologue Aung Ko représentant du conseil national de l’Union de Birmanie – Dr Pierre Foldes chirurgien urologue engagé dans la lutte contre l’excision – Kate Millett écrivaine, sculptrice, (Etats-Unis) – Catharine A. MacKinnon avocate, écrivaine, professeure de droit (Etats-Unis)
Analyser et agir
Taslima Nasreen médecin, écrivaine, exilée du Bangladesh à la suite d’une fatwa – Christiane Taubira députée, à l’initiative de la loi sur l’esclavage, crime contre l’humanité – Lydie Err parlementaire, membre du conseil de l’Europe (Luxembourg) – Carmen Romero ancienne députée, présidente de Círculo Mediterráneo (Espagne) – Wassyla Tamzali avocate, ex-directrice du droit des femmes à l’Unesco (Algérie)
S’engager
Elaine Audet écrivaine, co-éditrice du site internet et des éditions Sisyphe (Québec) – Elaine Britton responsable du « Makeba Rehabilitation Centre for girls » (Afrique du Sud) – Delphine Batho secrétaire nationale du Parti Socialiste – Francine Demichel professeure de droit public – Ana Maria Araujo psycho-sociologue, écrivaine (Uruguay) – Hawa Konte doctorante en littérature

Dimanche 5 novembre
Créer
Julie Debazac comédienne – Catherine Lopes Curval peintre – Julie Lopes Curval scénariste et réalisatrice – Colette Deblé peintre – Sonia Rykiel créatrice de mode – Coline Serreau comédienne, réalisatrice – Claude Régy metteur en scène Fanny Ardant lit des extraits de Écrire de Marguerite Duras
Écrire
Nelida Piñon écrivaine (Brésil) – Sylvie Germain écrivaine – Charles Juliet poète – Chantal Chawaf écrivaine – Patrizia Cavalli poétesse (Italie) – Michèle Ramond écrivaine, professeure de littérature – Catherine Weinzaepflen écrivaine
Psychanalyse (Table ronde dédiée à Janine Chasseguet Smirgel) Philipe Jaeger psychanalyste – Juliet Mitchell psychanalyste (Grande-Bretagne) – Michèle Freud psychothérapeute – Catherine Millot psychanalyste, écrivaine – Jean-Pierre Sag universitaire, psychothérapeute – Charlotte Dudkiewicz-Sibony psychothérapeute, psychanalyste – Patricia Rossi psychothérapeute, psychanalyste
Philosophie, anthropologie, sciences : Sylviane Agacinski philosophe – Marie-Christine Maurel biologiste – Anne- Marie Planeix philosophe – François Guéry philosophe

Vous trouverez une partie des interventions au colloque dans le livre
« Penser avec Antoinette Fouque » aux Editions des femmes

Appel pour la Parité en 2007

Alors que la France fait modèle en Europe et dans le monde avec la démographie la plus élevée de l’U.E. (après l’Irlande) et le plus fort taux d’activité professionnelle des femmes, leur accès au pouvoir politique rencontre une résistance toujours aussi massive.
La loi du 6 juin 2000 a initié le processus paritaire mais n’a permis que des avancées limitées, et il n’y a aujourd’hui que 3% de femmes à la présidence des conseils généraux, 3,8% à la présidence des conseils régionaux, 10,9% parmi les maires, 12,3% parmi les députés, 16,9% parmi les sénateurs.
« Il est essentiel aussi d’ouvrir et de faire respirer notre vie politique » a déclaré le Président de la République le 4 janvier 2006, en affirmant son souhait de franchir une nouvelle étape mais aucun projet de loi n’a suivi.
Marie-Jo Zimmermann (députée et présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale) a donc dû déposer une proposition de loi – parité dans les exécutifs municipaux et régionaux et au sein des intercommunalités, renforcement des pénalités financières à rencontre des partis ne respectant pas la parité lors des élections législatives – mais il est à craindre qu’elle ne soit pus retenue.
En 2007, les femmes vont voter. Il conviendrait que l’on puisse aussi voter pour elles et qu’elles soient élues à parité avec les hommes.
Nous demandons instamment aux parlementaires et au gouvernement d’inscrire de toute urgence à l’ordre du jour dû Parlement la «proposition de loi tendant à renforcer la parité entre les hommes et les femmes dans la vie politique ».

Premières et premiers signataires : Ana Maria Araujo, Séverine Auffret, Sylvina Boissonnas, Caroline Bommart-Forster, Jeanne Broyon, Mireille Calle Gruber, Chantai Chawaf, Hélène Cixous, Christine Clerc, Thérèse Clerc, Edith Cresson, Julie Debazac, Colette Deblt Brancine et Sophie Demichel, Annie Durante, Lydie Err, Michel Fize, Pierre Foldes, Antoinette et Vincente Fouque, Michèle Freud, Xavière Gauthier, Jeanne GÎRARDOT, Benoîte Groult, François Guery, Joëlle Guimier, Françoise Heritier, Michèle Idels, Dominique Issermann, Philippe Julien, Charles Juliet, Aung Ko, Odile Leperre Verrier, Catherine et Julie Lopez-Curval, Christina Lunghi, Milvia Maglione, Catherine Millot, Marie-Cécile Moreau, Fadela M’Rabet, Michelle Muller, Elisabeth Nicoli, Michelle Orengo, Denise Pouillon, Michèle Ramond, Claude Regy, Catherine Rihoit, Agnès et Pierre Rosenstïehl, Patricia Rossi, Sonia et Nathalie Rykiel, Coline Serreau, Nadia Setti, Leila Shahid, Charlotte Sibony, Wassyla Tamzali, Christiane Taubira, Marie-Claude Tesson-Millet, Victoria Therame, Robert Toubon, Alain Touraine, Christine Villeneuve, Alain Vircondelet, Catherine et Fanny Weinzaepflen et des centaines d’autres…

Envoyez à l’AFD vos signatures qui seront transmises à l’Observatoire de la Parité.

La parité, par Antoinette Fouque

8-mars-2005-antoinette-fouque

La parité, pour un quatrième modèle républicain

Après trente sept ans d’engagement de femmes de toutes conditions et d’activités intenses du MLF, les droits conquis sont spectaculaires : lois d’égalité – abolition de la
« puissance paternelle », égalité parentale, professionnelle, familiale, politique -, lois contre les violences sexuelles… Au-delà, deux avancées inédites ont marqué l’une et l’autre l’émergence des femmes dans l’histoire et l’ont révolutionnée : la maîtrise de la fécondité (je préférerais dire Droit à la procréation) et la Parité.

Mais, en levant l’oubli et la censure sur les femmes et sur la fonction indispensable pour l’espèce dont notre corps est doté – la fonction génésique -, en dévoilant la misogynie constitutive de l’ensemble des civilisations, les mouvements de libération des femmes ont entraîné, et c’est logique, une résistance, une protestation virile fondamentale. Cette nouvelle misogynie rassemble en une Sainte Alliance toutes les intolérances totalitaires et intégristes, toute pensée de l’Un qui refusent altérité, alternance de la personnalité et de la structure démocratique ouverte, paritaire, partenaire. Les femmes sont les premières victimes tant des cultures traditionnelles et autoritaires qui les excluent, des régimes anti-démocratiques, que d’un ultra libéralisme mondialisé, dématérialisé. L’espèce humaine parlante et pensante, que les femmes régénèrent à chaque naissance, est déjà le dernier marché à exploiter, tandis que, paradoxalement, un gynocide (une nouvelle forme d’extermination ?) s’organise : 40 millions de petites filles ne sont pas nées du fait des foeticides, alors que 100 à 150 millions de femmes manquent en permanence au compte de l’humanité. Jusque dans nos démocraties avancées, en Europe, comme en France, la pauvreté se féminise, les violences explosent. Partout sur la planète, on rabaisse, on exploite, on exclut, on viole, on tue, des femmes.

Que faire ? Le modèle traditionnel – tota mulier in utero (‘maternité esclave) – et le modèle féministe de l’indifférentialisme unisexe – tota mulier sine utero (sexualité esclave) – ont démontré leur inefficacité. Le modèle libéral qui conjugue le négatif de chacun d’eux – femmes divisées, moitié hommes, moitié femmes —doit être dépassé. La France doit inventer un quatrième modèle républicain pour stopper l’écartèlement entre archaïsme et modernité. Un modèle libérateur, qui considère la création de vivant comme la première des richesses humaines. Un modèle qui, en intégrant la structure éthique dont cette (pro) création est porteuse, se situe hors de toute spéculation technique et marchande et de toute pollution dévastatrice. Un modèle qui, par un contrat humain, garantisse la pérennité de notre lien vital au matriciel ; qui, par une nouvelle alliance de l’humanité avec les femmes, inscrive un humanisme supérieur.
Après tous les droits acquis ces dernières années, il est temps d’élaborer une loi cadre globale qui délivre une véritable politique pour les femmes, du plus réel au plus symbolique, de la genesique à la Parité. Il est temps d’inscrire l’existence des 2 sexes dans la Constitution.

La parité constitue un bond en dehors de la logique de l’Un, de l’Unisexversalisme jacobin, d’un républicanisme neutraliste, obsolète. La Parité, par son étymologie même -partenaire, paire, partage, parturiente-, nous introduit à une autre logique, une logique du Deux, du au moins deux, tiers inclus ; nous ouvre à une culture générative, généreuse, à ce que Kant, dans « Qu ‘est-ce que les Lumières », appelle la majorité pour le genre humain… Une République vivante, vitale, démocratique, paritaire, laïque et universelle.

En ces temps de détresse, de terreur, de guerre généralisée, économique, religieuse, nationaliste, où la personnalité libérale, égoïste, égotiste ravage, pille, détruit la planète et l’espèce, la Parité nous offre une conception éthique du don où « donner, recevoir, rendre » nous invite à nous souvenir, penser, remercier ; nous ouvre à la géni(t)alité de l’espèce, à une Condition historique d’hommes et de femmes, capables de mémoire, de création et de gratitude.

Texte écrit a à la demande de Madame Nicole Ameline, ministre de la Parité, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 Mars 2005.
Ce texte est aussi publié dans Gravidanza Féminologie II,
Antoinette Fouque, Préface d’Alain Touraine, Éditions des femmes-Antoinette Fouque.

Adoption de la loi constitutionnelle sur la parité

Pour la parité

Nous qui sommes réunies ici aujourd’hui, nous avons gagné une bataille; elle est celle du mouvement des femmes, des associations, des militantes et des citoyennes. C’est la victoire d’un mouvement de civilisation, d’un mouvement d’action et de pensée, qui depuis trente ans n’a jamais fléchi.

Après l’accès des femmes au travail, et malgré les profondes inégalités qui perdurent et face auxquelles nous ne serons jamais trop vigilantes, « l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », qui sera-semble-t-il- finalement adopté, ouvre une brèche dans le bastion rétrograde du pouvoir politique en France. Ce pouvoir rétrograde, archaïque, réservé aux hommes, la modification de la Constitution permet d’en envisager une réelle transformation.

C’est une victoire nécessaire et un grand pas vient d’être accompli.
Oui, nous aurions préféré que le terme « parité » figure dans la loi elle-même et pas uniquement son exposé des motifs. Mais nous savons bien, comme le savent aussi celles et ceux qui dans les sondages s’y sont massivement déclarés favorables, que c’est bien de la parité qu’il s’agit, c’est-à-dire d’une participation équilibrée à la vie publique, aux décisions concernant notre pays, l’Europe et le monde.

La parité est une notion qui nous vient d’Europe, et qui demain nous rapprochera davantage encore de celles qui, d’ores et déjà, ont imposé la présence des femmes dans les gouvernements et les assemblées de leur pays.

Nous venons de gagner une bataille, mais le combat est loin d’être achevé. Nous nous sommes mobilisées par dizaines de milliers, nous avons été relayées par des hommes et des femmes politiques, par des citoyens et des citoyennes mais il nous reste maintenant à accomplir la parité, à lui assurer un avenir démocratique. La parité se fera avec des femmes qu’aucune idéologie n’oblige à se renier, à s’oublier en tant que femmes; elle se fera avec des femmes qui tiennent compte de leur expérience d’êtres humains sexués, en charge du monde.
 Convertir cette extraordinaire énergie en pouvoir décisionnel est un formidable défi, qui peut faire accéder notre pays à la maturité politique et éthique, à une réelle démocratie hétérosexuée.