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La retraite des femmes

Ce que la réforme des retraites va vraiment faire aux femmes

Les acteurs politiques et syndicaux parlent de rattrapages,
de “points de solidarité” pour les femmes, comme

si un léger saupoudrage pouvait réduire leur surexploitation massive.

Aujourd’hui encore, les femmes, qui assurent un triple travail, procréateur, domestique, professionnel, sont gravement pénalisées pour les richesses qu’elles apportent, quand vient le temps de la retraite. Du fait du cumul des inégalités et des discriminations, elles perçoivent une pension en moyenne inférieure de 42% à celle des hommes, et arrêtent de travailler environ un an plus tard qu’eux. Cet écart s’est encore creusé entre 2016 et 2017 [1]. Seront-elles, comme l’affirme le gouvernement, les “grandes gagnantes” de la réforme en cours? Celle-ci est-elle à la hauteur des enjeux? Entre les petites améliorations et les importants reculs qu’elle contient, il est très difficile d’en être persuadées.

D’un côté, 20% des femmes actuellement obligées, du fait de leurs carrières incomplètes, d’attendre 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein, pourront l’obtenir dès 64 ans, grâce à l’âge d’ “équilibre” prévu. Mais de l’autre, la suppression de la majoration de durée d’assurance de huit trimestres par enfant dans le secteur privé et de quatre dans le secteur public, va pénaliser le grand nombre d’entre elles qui pouvaient partir à 62 ans et devront attendre deux ans de plus.

Du fait du cumul des inégalités et des discriminations, les femmes perçoivent une pension en moyenne inférieure de 42% à celle des hommes, et arrêtent de travailler environ un an plus tard qu’eux.

Une bonification de 5% dès le premier enfant –qui n’existe pas actuellement–, avec un supplément de 2% à partir de trois enfants (ce qui constitue une diminution de 3% par rapport à l’existant) est par ailleurs prévue. S’y ajouterait la prise en considération de 100% du salaire dans le calcul des points relatifs aux congés de maternité, soit un peu plus qu’aujourd’hui. Mais cela suffira-t-il à compenser la suppression des trimestres d’assurance? Et que penser de cette décision de déconnecter totalement la bonification pour enfant de la grossesse et de la maternité?  L’attribuer selon leur choix à la mère ou au père ne favorisera-t-il pas le père dont la pension est généralement plus élevée? Et pourquoi un enfant générerait-il des droits différents en fonction des revenus et/ou de la situation familiale? Quid en cas de séparation? N’allons-nous pas vers un recul de l’indépendance économique des femmes dans le couple?

On nous dit encore que le passage prévu d’un système de retraite fondé sur une durée d’assurance à un système à points, où chaque euro cotisé entrerait dans le calcul de la pension, devrait particulièrement bénéficier aux femmes puisque les petits emplois trop brefs jusque-là pour valider un trimestre seront désormais comptabilisés. Oui. Mais cet avantage ne sera-t-il pas marginal vu le niveau de salaire de ces emplois, alors que par ailleurs le calcul de la retraite s’effectuera sur la totalité de la carrière et non plus sur les 25 dernières années, en général meilleures.

La situation est la même en ce qui concerne les pensions de réversion que les femmes sont 88% à percevoir et qui constituent environ 9% de leurs revenus. On nous présente comme un progrès le fait que son montant s’élèverait au maximum à 70% du revenu total touché par le couple, alors qu’il est aujourd’hui souvent supérieur, et on s’abstient de dire qu’il faudra attendre 62 ans pour l’obtenir contre 55 ans aujourd’hui et qu’elle s’interrompra non seulement en cas de remariage mais aussi, ce qui est nouveau, en cas de divorce.

Quant à cette “mesure phare” de la réforme, qui devrait bénéficier à de nombreuses femmes, la fixation de la retraite minimale à 85% du SMIC, c’est-à-dire à 1000 euros, elle constitue un bien maigre progrès, et ses conditions d’obtention vont rester bien difficiles: avoir 64 ans et une carrière complète ou attendre d’avoir 67 ans.

Alors pourquoi l’injustice majeure faite aux femmes est-elle reconduite, réforme après réforme? Pourquoi les efforts entrepris ne portent-ils jamais leurs fruits ou si peu? La cause est claire mais elle est constamment déniée.

Si les femmes ont ces dernières décennies augmenté de manière spectaculaire leur participation au travail professionnel –améliorant ainsi le niveau général des pensions; si elles ont rattrapé le retard imposé par des siècles de discriminations en ce qui concerne les études et les diplômes; elles n’en continuent pas moins à assurer un travail invisible pour l’économie, quoique vital pour l’espèce humaine et la société, qui n’est pratiquement pas pris en compte. Le renouvellement des générations –qui leur échoit à près de 100%–, les tâches domestiques dont elles assurent 64%, la charge des personnes dépendantes ainsi que la présence auprès des petits-enfants, ne sont pas reconnus comme un travail et ne sont donc ni comptabilisés, ni valorisés. L’INSEE évalue le seul travail domestique à 60 milliards d’heures en 2010, près d’un tiers du PIB. Pour ne rien dire du travail de la procréation et de l’éducation qui font d’elles les premières productrices de richesse, en France et dans le monde.

Pourquoi l’injustice majeure faite aux femmes est-elle reconduite, réforme après réforme? Pourquoi les efforts entrepris ne portent-ils jamais leurs fruits ou si peu? La cause est claire mais elle est constamment déniée.

Mais “au lieu que l’économie additionne ces diverses richesses, elle soustrait les unes et les autres du travail salarial et de l’avenir professionnel des femmes [2]”, écrivait Antoinette Fouque dès les années 1980. “L’impensé en amont de leur triple production [3] se retrouve en aval sous forme d’obstacles à l’égalité et de pénalisation des femmes pour le plus qu’elles apportent à l’humanité.”

C’est ainsi que, malgré des décennies de lois proclamant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, l’écart de salaires nets perçus quel que soit le temps de travail est de 23,7% à leur détriment. Il est de 9% à travail et à compétence égales. C’est aussi pourquoi elles se retrouvent largement majoritaires parmi les travailleurs à temps partiel, les contrats courts, les petits salaires, les carrières incomplètes notamment du fait des grossesses… exclues des exclus de la société concurrentielle, pauvres parmi les pauvres et à la tête de 85% des familles monoparentales.

Historiquement, lorsque l’activité professionnelle des femmes était moins massive, un certain nombre de dispositifs de compensation adoptés souvent à des fins natalistes ou familialistes mais aussi sous la poussée des mouvements des femmes dès la fin du XIXe siècle ont été mis en place.

Le paradoxe est qu’au cours des dernières décennies, plus les femmes ont investi l’ensemble des champs professionnels et avancé vers l’égalité, moins leur apport spécifique à la société a été pris en considération: suppression d’un âge de retraite plus bas pour les femmes, diminution des avantages fiscaux pour avoir fait et élevé des enfants, diminution de la majoration de durée d’assurance…

Parallèlement, au nom de l’égalité, le législateur a transféré aux hommes des droits qui ne bénéficiaient jusque-là qu’aux femmes. Ainsi, les pères sont aujourd’hui les premiers attributaires des droits dits familiaux.

Il y a dans la réforme actuelle un défaut structurel. Les acteurs politiques et syndicaux parlent  de rattrapages, de compléments, de “points de solidarité” pour les femmes, comme si un léger saupoudrage, à la marge, pouvait réduire leur surexploitation massive, réparer l’injustice. Et tous passent sous silence la racine du mal: la capacité procréatrice des femmes et leur économie altruiste sont la cause majeure de leur pénalisation.

Si la réforme est adoptée en l’état, seules celles qui n’auront pas d’enfant(s) et auront adopté le modèle d’investissement exclusif dans le travail professionnel, compétitif, concurrentiel, pourront espérer échapper à une paupérisation. Les autres, celles qui ne veulent pas renoncer à faire des enfants, comme c’est majoritairement le cas en France où les femmes allient parmi les plus forts taux de fécondité et d’activité professionnelle d’Europe, risquent de payer encore plus cher le prix de leur choix.

Les femmes assurent l’immense partie de l’économie solidaire, elles atténuent la violence de la transition néo-libérale, pallient le recul des services publics, se sacrifient pour assurer autant qu’elles le peuvent une “bonne vie” à leur entourage. Le fardeau qui pèse sur elles est déjà bien trop lourd et entrave leur liberté: pour la quatrième année consécutive, en France, la natalité, qui est aussi la mesure du dynamisme d’un pays et des richesses à venir, est en baisse.

Tous les acteurs politiques passent sous silence la racine du mal: la capacité procréatrice des femmes et leur économie altruiste sont la cause majeure de leur pénalisation.

Plutôt qu’un principe abstrait et neutralisant, l’égalité doit être un droit positif qui tienne compte de la triple production des femmes. “Un principe d’égalité justement pensé doit intégrer la réalité de la fonction génésique des femmes pour que celle-ci, apport vital des femmes à l’humanité, cesse enfin d’être une cause de discrimination [4]” disait encore Antoinette Fouque au Parlement européen.

Il faut sortir de la logique comptable, de la prise en considération du seul individu, de l’uniformisation de toutes et tous. Il y a les tableaux financiers et il y a la vie, le vivant, partout en danger sur la planète et qui reposent en grande partie sur les femmes. Il est plus que temps que leur apport soit reconnu et que justice leur soit faite.

Il faut, pour elles, des mesures d’action positive. La totalité de leur travail doit donner lieu à des droits véritables et significatifs. Leur retraite doit leur permettre de vivre dignement, bien au-delà du seuil de pauvreté auquel le plus grand nombre est confiné. Des politiques publiques doivent être engagées pour réduire les charges qui pèsent sur elles. Leurs revenus doivent être augmentés par des mesures contraignantes.

Depuis plus de 50 ans, les mouvements de libération des femmes ont levé le silence sur toutes les formes de violences sexuelles, économiques, politiques et culturelles, et fait avancer leur indépendance et leurs droits. Avec des milliers d’autres, nous manifestions le 23 novembre dernier contre les violences sexuelles et sexistes. Ici, nous le réaffirmons: le gouvernement doit prendre la mesure des violences économiques qui pèsent sur les femmes, et déployer une véritable politique globale pour que la France devienne, comme il dit le souhaiter, un modèle d’égalité femmes-hommes et de parité, en Europe et dans le monde.

[1] Rapports de la  DREES de juillet 2018 et août 2019.

[2] “Le principe d’égalité en question”, extraits d’une intervention sur le thème Égalité et différence des sexes, octobre 1998, Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007.

[3] Triple production ou Trois fois travailleuses, concept élaboré par Antoinette Fouque aux débuts du MLF, développé dans un tract dit « programmatique » de décembre 1970, in Gravidanza.

[4] “Quand le principe d’égalité assimile les femmes aux hommes”, La Lettre de votre députée n°5-6, 4ème trimestre 1998.

Cette tribune a été co-écrite par:

Michèle Idels, avocate, co-présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie

Christine Villeneuve, juriste, co-directrice des Editions des femmes-Antoinette Fouque

Catherine Guyot, journaliste, militante du MLF et de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, signataire du Manifeste des 343

Élisabeth Nicoli, avocate, militante du MLF, co-présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie

Sylvina Boissonnas, architecte, membre du collectif “Psychanalyse et Politique” (MLF), signataire du Manifeste des 343
de l’Alliance des femmes pour la démocratie

La retraite des femmes

Ce que la réforme des retraites va faire aux femmes

Tribune publiée dans le HuffPost

Les acteurs politiques et syndicaux parlent de rattrapages,
de “points de solidarité” pour les femmes,
comme si un léger saupoudrage pouvait réduire leur surexploitation massive.

Aujourd’hui encore, les femmes, qui assurent un triple travail, procréateur, domestique, professionnel, sont gravement pénalisées pour les richesses qu’elles apportent, quand vient le temps de la retraite. Du fait du cumul des inégalités et des discriminations, elles perçoivent une pension en moyenne inférieure de 42% à celle des hommes, et arrêtent de travailler environ un an plus tard qu’eux. Cet écart s’est encore creusé entre 2016 et 2017 [1]. Seront-elles, comme l’affirme le gouvernement, les “grandes gagnantes” de la réforme en cours? Celle-ci est-elle à la hauteur des enjeux? Entre les petites améliorations et les importants reculs qu’elle contient, il est très difficile d’en être persuadées.

D’un côté, 20% des femmes actuellement obligées, du fait de leurs carrières incomplètes, d’attendre 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein, pourront l’obtenir dès 64 ans, grâce à l’âge d’ “équilibre” prévu. Mais de l’autre, la suppression de la majoration de durée d’assurance de huit trimestres par enfant dans le secteur privé et de quatre dans le secteur public, va pénaliser le grand nombre d’entre elles qui pouvaient partir à 62 ans et devront attendre deux ans de plus.

Du fait du cumul des inégalités et des discriminations, les femmes perçoivent une pension en moyenne inférieure de 42% à celle des hommes, et arrêtent de travailler environ un an plus tard qu’eux.

Une bonification de 5% dès le premier enfant –qui n’existe pas actuellement–, avec un supplément de 2% à partir de trois enfants (ce qui constitue une diminution de 3% par rapport à l’existant) est par ailleurs prévue. S’y ajouterait la prise en considération de 100% du salaire dans le calcul des points relatifs aux congés de maternité, soit un peu plus qu’aujourd’hui. Mais cela suffira-t-il à compenser la suppression des trimestres d’assurance? Et que penser de cette décision de déconnecter totalement la bonification pour enfant de la grossesse et de la maternité?  L’attribuer selon leur choix à la mère ou au père ne favorisera-t-il pas le père dont la pension est généralement plus élevée? Et pourquoi un enfant générerait-il des droits différents en fonction des revenus et/ou de la situation familiale? Quid en cas de séparation? N’allons-nous pas vers un recul de l’indépendance économique des femmes dans le couple?

On nous dit encore que le passage prévu d’un système de retraite fondé sur une durée d’assurance à un système à points, où chaque euro cotisé entrerait dans le calcul de la pension, devrait particulièrement bénéficier aux femmes puisque les petits emplois trop brefs jusque-là pour valider un trimestre seront désormais comptabilisés. Oui. Mais cet avantage ne sera-t-il pas marginal vu le niveau de salaire de ces emplois, alors que par ailleurs le calcul de la retraite s’effectuera sur la totalité de la carrière et non plus sur les 25 dernières années, en général meilleures.

La situation est la même en ce qui concerne les pensions de réversion que les femmes sont 88% à percevoir et qui constituent environ 9% de leurs revenus. On nous présente comme un progrès le fait que son montant s’élèverait au maximum à 70% du revenu total touché par le couple, alors qu’il est aujourd’hui souvent supérieur, et on s’abstient de dire qu’il faudra attendre 62 ans pour l’obtenir contre 55 ans aujourd’hui et qu’elle s’interrompra non seulement en cas de remariage mais aussi, ce qui est nouveau, en cas de divorce.

Quant à cette “mesure phare” de la réforme, qui devrait bénéficier à de nombreuses femmes, la fixation de la retraite minimale à 85% du SMIC, c’est-à-dire à 1000 euros, elle constitue un bien maigre progrès, et ses conditions d’obtention vont rester bien difficiles: avoir 64 ans et une carrière complète ou attendre d’avoir 67 ans.

Alors pourquoi l’injustice majeure faite aux femmes est-elle reconduite, réforme après réforme? Pourquoi les efforts entrepris ne portent-ils jamais leurs fruits ou si peu? La cause est claire mais elle est constamment déniée.

Si les femmes ont ces dernières décennies augmenté de manière spectaculaire leur participation au travail professionnel –améliorant ainsi le niveau général des pensions; si elles ont rattrapé le retard imposé par des siècles de discriminations en ce qui concerne les études et les diplômes; elles n’en continuent pas moins à assurer un travail invisible pour l’économie, quoique vital pour l’espèce humaine et la société, qui n’est pratiquement pas pris en compte. Le renouvellement des générations –qui leur échoit à près de 100%–, les tâches domestiques dont elles assurent 64%, la charge des personnes dépendantes ainsi que la présence auprès des petits-enfants, ne sont pas reconnus comme un travail et ne sont donc ni comptabilisés, ni valorisés. L’INSEE évalue le seul travail domestique à 60 milliards d’heures en 2010, près d’un tiers du PIB. Pour ne rien dire du travail de la procréation et de l’éducation qui font d’elles les premières productrices de richesse, en France et dans le monde.

Pourquoi l’injustice majeure faite aux femmes est-elle reconduite, réforme après réforme? Pourquoi les efforts entrepris ne portent-ils jamais leurs fruits ou si peu? La cause est claire mais elle est constamment déniée.

Mais “au lieu que l’économie additionne ces diverses richesses, elle soustrait les unes et les autres du travail salarial et de l’avenir professionnel des femmes [2]”, écrivait Antoinette Fouque dès les années 1980. “L’impensé en amont de leur triple production [3] se retrouve en aval sous forme d’obstacles à l’égalité et de pénalisation des femmes pour le plus qu’elles apportent à l’humanité.”

C’est ainsi que, malgré des décennies de lois proclamant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, l’écart de salaires nets perçus quel que soit le temps de travail est de 23,7% à leur détriment. Il est de 9% à travail et à compétence égales. C’est aussi pourquoi elles se retrouvent largement majoritaires parmi les travailleurs à temps partiel, les contrats courts, les petits salaires, les carrières incomplètes notamment du fait des grossesses… exclues des exclus de la société concurrentielle, pauvres parmi les pauvres et à la tête de 85% des familles monoparentales.

Historiquement, lorsque l’activité professionnelle des femmes était moins massive, un certain nombre de dispositifs de compensation adoptés souvent à des fins natalistes ou familialistes mais aussi sous la poussée des mouvements des femmes dès la fin du XIXe siècle ont été mis en place.

Le paradoxe est qu’au cours des dernières décennies, plus les femmes ont investi l’ensemble des champs professionnels et avancé vers l’égalité, moins leur apport spécifique à la société a été pris en considération: suppression d’un âge de retraite plus bas pour les femmes, diminution des avantages fiscaux pour avoir fait et élevé des enfants, diminution de la majoration de durée d’assurance…

Parallèlement, au nom de l’égalité, le législateur a transféré aux hommes des droits qui ne bénéficiaient jusque-là qu’aux femmes. Ainsi, les pères sont aujourd’hui les premiers attributaires des droits dits familiaux.

Il y a dans la réforme actuelle un défaut structurel. Les acteurs politiques et syndicaux parlent  de rattrapages, de compléments, de “points de solidarité” pour les femmes, comme si un léger saupoudrage, à la marge, pouvait réduire leur surexploitation massive, réparer l’injustice. Et tous passent sous silence la racine du mal: la capacité procréatrice des femmes et leur économie altruiste sont la cause majeure de leur pénalisation.

Si la réforme est adoptée en l’état, seules celles qui n’auront pas d’enfant(s) et auront adopté le modèle d’investissement exclusif dans le travail professionnel, compétitif, concurrentiel, pourront espérer échapper à une paupérisation. Les autres, celles qui ne veulent pas renoncer à faire des enfants, comme c’est majoritairement le cas en France où les femmes allient parmi les plus forts taux de fécondité et d’activité professionnelle d’Europe, risquent de payer encore plus cher le prix de leur choix.

Les femmes assurent l’immense partie de l’économie solidaire, elles atténuent la violence de la transition néo-libérale, pallient le recul des services publics, se sacrifient pour assurer autant qu’elles le peuvent une “bonne vie” à leur entourage. Le fardeau qui pèse sur elles est déjà bien trop lourd et entrave leur liberté: pour la quatrième année consécutive, en France, la natalité, qui est aussi la mesure du dynamisme d’un pays et des richesses à venir, est en baisse.

Tous les acteurs politiques passent sous silence la racine du mal: la capacité procréatrice des femmes et leur économie altruiste sont la cause majeure de leur pénalisation.

Plutôt qu’un principe abstrait et neutralisant, l’égalité doit être un droit positif qui tienne compte de la triple production des femmes. “Un principe d’égalité justement pensé doit intégrer la réalité de la fonction génésique des femmes pour que celle-ci, apport vital des femmes à l’humanité, cesse enfin d’être une cause de discrimination [4]” disait encore Antoinette Fouque au Parlement européen.

Il faut sortir de la logique comptable, de la prise en considération du seul individu, de l’uniformisation de toutes et tous. Il y a les tableaux financiers et il y a la vie, le vivant, partout en danger sur la planète et qui reposent en grande partie sur les femmes. Il est plus que temps que leur apport soit reconnu et que justice leur soit faite.

Il faut, pour elles, des mesures d’action positive. La totalité de leur travail doit donner lieu à des droits véritables et significatifs. Leur retraite doit leur permettre de vivre dignement, bien au-delà du seuil de pauvreté auquel le plus grand nombre est confiné. Des politiques publiques doivent être engagées pour réduire les charges qui pèsent sur elles. Leurs revenus doivent être augmentés par des mesures contraignantes.

Depuis plus de 50 ans, les mouvements de libération des femmes ont levé le silence sur toutes les formes de violences sexuelles, économiques, politiques et culturelles, et fait avancer leur indépendance et leurs droits. Avec des milliers d’autres, nous manifestions le 23 novembre dernier contre les violences sexuelles et sexistes. Ici, nous le réaffirmons: le gouvernement doit prendre la mesure des violences économiques qui pèsent sur les femmes, et déployer une véritable politique globale pour que la France devienne, comme il dit le souhaiter, un modèle d’égalité femmes-hommes et de parité, en Europe et dans le monde.

[1] Rapports de la  DREES de juillet 2018 et août 2019.
[2] “Le principe d’égalité en question”, extraits d’une intervention sur le thème Égalité et différence des sexes, octobre 1998, Gravidanza. Féminologie II, des femmes-Antoinette Fouque, 2007.
[3] Triple production ou Trois fois travailleuses, concept élaboré par Antoinette Fouque aux débuts du MLF, développé dans un tract dit « programmatique » de décembre 1970, in Gravidanza.
[4] “Quand le principe d’égalité assimile les femmes aux hommes”, La Lettre de votre députée n°5-6, 4ème trimestre 1998.

Cette tribune a été co-écrite par:
Michèle Idels, avocate, co-présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie
Christine Villeneuve, juriste, co-directrice des Editions des femmes-Antoinette Fouque
Catherine Guyot, journaliste, militante du MLF et de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, signataire du Manifeste des 343
Élisabeth Nicoli, avocate, militante du MLF, co-présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie
Sylvina Boissonnas, architecte, membre du collectif “Psychanalyse et Politique” (MLF), signataire du Manifeste des 343
de l’Alliance des femmes pour la démocratie

Mots Ecrits, Les violences-Archives de femmes, Histoire des femmes

Jeudi 12 décembre à 19 h à l’Espace des femmes-Antoinette Fouque
33-35 rue Jacob 75006 Paris

Sophie Bourel, artiste, comédienne, et des interprètes amateurs et amatrices, liront des archives rares montrant comment de tout temps les règles patriarcales ont justifié un haut niveau de violences envers les femmes : textes de procès en sorcellerie, interrogatoire sous la question, audience de féminicides  à l’Ancien Régime rapportées par des plumitifs, compte rendu d’assises pour infanticides…

Mots Ecrits est une création artistique, intellectuelle et citoyenne  de la compagnie La Minutieuse pour combattre l’invisibilité dans laquelle l’histoire, la vie, les réalisations des femmes sont maintenues.

 

Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes 2019

le 22 novembre 2019, 137ème féminicide

Comme chaque année, l’Alliance des femmes pour la démocratie manifestera contre les  violences à l’égard des femmes. Elle appelle à se joindre à la

MARCHE POUR DIRE STOP AUX FÉMINICIDES

ET AUX VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES

SAMEDI 23 NOVEMBRE 2019 À 14 HEURES

Place de l’Opéra, Paris

Si depuis cinquante ans, avec les mouvements de libération des femmes, les droits et libertés des femmes ont considérablement avancé en France et dans le monde, les violences contre elles ne reculent pas. Restons mobilisées pour les combattre.

Stop à la guerre permanente contre les femmes !

 Stop féminicide/gynocide/infanticide/matricide !
 
Pour une démocratie paritaire, adulte et responsable !
 
Les femmes sont le front pionnier de la démocratie !
 
Justice pour les femmes !

Aussi à Lyon, Lille, Marseille, Nice, Toulouse…

Lectures pour la liberté d’expression

Une soirée de mobilisation pour défendre la liberté d’expression
co-organisée par le PEN Club français et les éditions des femmes – Antoinette Fouque.

Vendredi 15 novembre 2019 à 19 h35 rue Jacob 75006 Paris

Des écrivain·e·s, comédien·ne·s, chanteurs et chanteuses, artistes originaires de divers pays liront, en plusieurs langues, des textes d’auteurs et d’autrices persécuté·e·s, pour former une «chaîne internationale de lecture », brisant symboliquement les barrières de l’oppression.

En la présence d’Emmanuel Pierrat, président du PEN Club français, et du collectif des éditions des femmes-Antoinette Fouque, représenté par Élisabeth Nicoli.

Andréas Becker, président du Comité des Écrivains en Danger du PEN Club français, animera cette soirée, dédiée à Zehra Doğan, artiste, journaliste, autrice et militante kurde, libérée des prisons turques le 24 février 2019, grâce à la solidarité, notamment du PEN International. Elle participera à la chaîne de lecture, et nous parlera de son combat qui trouve son expression, entre autres, dans l’exposition Œuvres évadées et dans son livre Nous aurons aussi de beaux jours – Écrits de prison (des femmes-Antoinette Fouque, 2019)

Avec Leïla Bahsain, Izabella Borges, Chochana Boukhobza, Philippe Bouret, Julien Cendres, Francis Coffinet, Rita Grillo, Kubra Khademi, Colette Klein, Cécile Oumhani, Stella Nyanzi (en prison), Matthieu Patronik, Dilnur Reyhan, Hervé Vilard, Marina Vlady

Textes lus de Chimengül Awut, Paul Éluard, Aslı Erdoğan, Conceição Evaristo, Ashraf Fayad, Forough Farrokhzad, Danson Sylvester Kahyana, Moshe Schulstein

Messages et lettres de Francis Combe, Adama Diané, Daniel Mesguich

Accompagnement au piano : Emmanuel Bigot, chant : Céline Burlot.

L’image illustrant cette information est une œuvre de Zehra Doğan de son exposition Œuvres évadées  à voir jusqu’au 23 novembre à la galerie des femmes.

Rendez-vous de l’histoire de Blois 2019

Les éditions des femmes-Antoinette Fouque seront présentes aux
Rendez-vous de l’Histoire de Blois

du jeudi 10 au dimanche 13 octobre et vous invitent à plusieurs rencontres

France Bloch-Sérazin et Madeleine Riffaud, deux femmes en résistance
Alain Quella Villéger, docteur ès-lettres en histoire contemporaine, auteur de France Bloch-Sérazin, une femme en résistance (des femmes-Antoinette Fouque)
Isabelle Mons, professeure à l’université Paris 13-Paris Nord, autrice de Madeleine Riffaud, l’esprit de résistance (Payot & Rivages)
Modérateur : Hugo Billard, de la revue L’Éléphant, professeur d’histoire-géographie
Deux femmes de combat, résistantes et militantes communistes, l’une chimiste, l’autre future reporter de guerre dont les parcours exemplaires éclairent le rôle, longtemps occulté, des femmes dans la Résistance.
Samedi 12 octobre de 11h45 à 13h15
Bibliothèque Abbé Grégoire, Espace adultes

De l’Italie à la France, combats de femmes de la Renaissance à nos jours
Séverine Auffret, philosophe, écrivaine
Michèle Idels, avocate et co-directrice des éditions des femmes-Antoinette Fouque
Modérateur : Hugo Billard, de la revue L’Éléphant, professeur d’histoire-géographie
De la Renaissance à nos jours, des femmes remarquables, connues ou inconnues, ont œuvré et combattu pour améliorer leur condition.
Samedi 12 octobre, de 17h30 à 19h00
Hôtel de Ville – Salle Malfray

– DÉDICACES –
Salon du livre, stand 71
Vendredi 11 octobre 14h à 17h
Michèle Idels et Christine Villeneuve
Des femmes en littérature. 100 textes d’écrivaines à étudier en classe (coédition Belin/des femmes-Antoinette Fouque)
MLF-Psychanalyse et politique. 50 ans de libération des femmes, 2 volumes
et Cours petite fille ! (des femmes-Antoinette Fouque)

Samedi 12 octobre 14h à 16h
Alain Quella-Villéger
France Bloch-Sérazin, une femme en résistance (1913-1943) (des femmes-Antoinette Fouque)

15h-17h
Michèle Idels et Christine Villeneuve
MLF-Psychanalyse et politique. 50 ans de libération des femmes, 2 volumes
et Cours petite fille ! (des femmes-Antoinette Fouque)
Séverine Auffret
Une histoire du féminisme de l’Antiquité grecque à nos jours (éditions de l’Observatoire, 2018)

Mobilisation pour le droit à l’avortement

28 septembre, journée internationale pour le droit à l’avortement,

Nous manifestons, encore et toujours mobilisées pour ce droit toujours à défendre et à renforcer.

Condamné pour avoir nommé des femmes à Bourg-en-Bresse

Solidarité avec le président de la communauté d’agglomération
de Bourg-en-Bresse condamné pour avoir nommé des femmes 
!

Communiqué du 30 août 2019 

La communauté d’agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse qui regroupe 70 communes devra s’acquitter d’une amende de 90 000 euros imposée par la Préfecture de l’Ain pour avoir nommé « trop de femmes » dans son équipe de direction.

Depuis 2012, la loi dite « Sauvadet » impose davantage de parité dans les nominations de l’encadrement de la fonction publique et depuis un décret de 2017, c’est une proportion de 60/40 d’hommes-femmes qui doit être respectée dans les primo-nominations.
Une loi qui a été adoptée pour lutter contre les discriminations que subissent les femmes et contrer la résistance politique considérable à leur accès aux postes de décision en rééquilibrant leur présence très minoritaire.
Selon le dernier rapport, au niveau global, il n’y a que 34% de femmes à la tête des administrations territoriales, soit un déficit de 6% par rapport aux 40% prévus par la loi, et même de 26% si l’on prend la limite haute de 60%. Et pourtant sur 18 collectivités qui ont à ce jour été mises à l’amende, 16 concernent un surplus d’hommes – ce qui est le cas le plus général -, et 2 concernent un surplus de femmes, ce qui est extrêmement rare.

À l’évidence, le Préfet de l’Ain va ici à l’encontre de l’esprit de la loi en retournant contre les femmes une disposition prise en leur faveur.
Et c’est d’autant plus inique qu’au 1er échelon hiérarchique de la communauté d’agglomération de Bourg-en-Bresse, on compte 4 hommes et 2 femmes aux côtés du Président qui est un homme. Ce n’est qu’au niveau inférieur qu’on trouve la présence de 3 femmes et 1 homme, objet du courroux préfectoral.
Soit donc au total, 6 hommes et 5 femmes seulement.

Voilà encore un exemple de « la protestation virile » dont parlait Antoinette Fouque contre l’arrivée contemporaine des femmes en politique dont elles ont été complètement exclues pendant des millénaires, sans que nul préfet ne s’en préoccupe.

« Trop de femmes » ? Dès qu’il y a des femmes, il s’en trouve toujours pour dire qu’il y en a trop. Alors qu’il suffit de regarder le monde politique et le monde médiatique, pour voir qu’au contraire, il n’y en a pas assez. Et que c’est même précisément ce dont le monde souffre à l’heure où il est dominé par des leaders politiques autocratiques, machistes, homophobes et haineux.

Toute notre solidarité va à Jean-François Debat, qui a procédé aux nominations scandaleusement sanctionnées. Nous appuyons résolument le recours hiérarchique auprès du gouvernement qu’il entend former pour demander l’exemption de sanctions contre les collectivités qui ont plus de femmes jusqu’à ce que l’objectif global de la loi soit atteint au niveau national.

Téléchargez le communiqué en PDF

Mobilisation contre les féminicides.

Non au féminicide

107 femmes ont été tuées depuis début janvier 2019

Ce mercredi 28 août  rendez vous à 17h30 Parvis de l’hôtel de ville de Paris! à l’appel d’Eva Darlan et Anne Hidalgo  pour dire NON aux féminicides. Habillez vous en blanc.
@Anne_Hidalgo  @EvaDarlan  @Femen_France  @Sofiasept  @KarinePlassard  @SolidariteFemme @Femmessolidaire
Soyons nombreuses, et nombreux et déterminé(e)s

Pour en savoir plus, suivre le lien :
https://www.allodocteurs.fr/se-soigner/violences/violence-conjugale/feminicides-ces-drames-sont-encore-bien-trop-souvent-percus-comme-banals_27467.html

Signez la pétition et faites la suivre à vos contacts
https://www.mesopinions.com/petition/justice/stop-impunite-crimes-sexuels/35266

Notre Communiqué du 3 juillet 2019

MANIFESTONS LE 6 JUILLET À 17 HEURES,
PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À PARIS

STOP AUX FÉMINICIDES !

1968 : premières réunions du Mouvement de libération des femmes. On y aborde les violences à l’intérieur et à l’extérieur de la famille. La lutte contre les violences sera un thème de mobilisation permanente.
1980 : première définition du crime de viol dans le Code pénal.
1989 : première campagne nationale d’information lancée par le gouvernement pour lutter contre les violences faites aux femmes.
1991 : premier bilan établi par l’Observatoire de la misogynie, créé par Antoinette Fouque en 1989. Il fait apparaître qu’en 1990, une femme par jour a été tuée en France, le plus souvent par un proche.
1992 : reconnaissance du viol conjugal.
2001 : première enquête nationale envers les violences faites aux femmes en France (ENVEFF).
Chaque année 50 000 femmes subissent au moins un viol, 10% des femmes subissent des
violences conjugales.
2002 : la Cour pénale internationale reconnaît dans ses statuts les viols massifs et systématiques contre les femmes comme un crime de guerre et un crime contre l’humanité.
2006 : loi « renforçant la prévention et la répression des violences au sein d’un couple ou commise contre des mineurs ». Une étude établit qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon.
2010 : la lutte contre les violences faites aux femmes est déclarée Grande cause nationale. Loi prévoyant « une ordonnance de protection » qui permet l’éviction du conjoint violent du domicile conjugal.
2018 : nouvelle loi renforçant la lutte contre « les violences sexuelles et sexistes ».
50 ans de combat des femmes ! 30 ans de lois et de mesures contre les violences qui leur sont faites !
Et pourtant ces violences ne cessent de croître : 23 % de plus en France, en 2018. Et elles sont de moins en moins sanctionnées : en dix ans, les condamnations ont baissé de 40 % pour le viol et de 23% pour l’ensemble des violences sexuelles.
Une femme a été tuée en France tous les deux jours par son compagnon ou son ex en 2018 ! Et 71 ont été tuées depuis le début de l’année !
Les violences contre les femmes sont la première cause de mortalité des Européennes de 16 à 44 ans !
Non à cette « guerre contre les femmes », « autodestruction de l’humanité », selon les termes d’Antoinette Fouque, qui les a qualifiées de gynocide.
Comme l’Espagne a su le faire, la France doit prendre des mesures fortes pour mettre un terme à ces féminicides. Sa responsabilité, celle des tribunaux et de la police sont engagées !
Retrouvons-nous nombreuses et nombreux le 6 juillet aux côtés du Collectif des proches et
familles des victimes de féminicides, pour faire reculer les violences !

Un collectif de familles et de proches de victimes de féminicides appelle à un rassemblement le 6 juillet 2019, 17h, à Paris, place de la République. L’Alliance des Femmes s’associe à ce rassemblement.
Voir dans Le Parisien

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2016
Contre les meurtres des femmes et des enfants par les conjoints, ex-conjoints, lorsqu’il y a séparation : appel aux pouvoirs publics à lutter efficacement.

Nous nous sommes rassemblées le 18 juin 2016
devant le Ministère de la Justice à Paris, place Vendôme.
À l’appel de SOS les MAMANS
Avec l’Alliance des Femmes, Femen France, Osez le féminisme, efFrontées, Solidarité Femmes, Maison des Femmes Paris, Femmes Solidaires, Collectif National pour le Droit des femmes …


Contre les féminicides

NON aux gynocide, féminicide, infanticide, matricide permanents
NON à la haine misogyne

NON à la guerre immémoriale contre les femme
OUI les femmes sont les premières productrices de richesses au monde
OUI notre corps nous appartient
OUI à une humanité adulte, démocratique et paritaire

Ce 29 mai 2016 jour de la fête des mères …
le meurtre de trop

#StopViolencespostséparation
Tribune collective pour la mobilisation du 18 juin

45 victimes depuis le début de l’année d’une série de meurtres qui se répètent chaque année et dont les victimes ne sont pas seulement les femmes mais aussi les enfants. Enfants pendus, poignardés ou brûlés vifs (Auvergne, le 24 mai dernier, immolés dans un camping car) pour se venger d’une séparation programmée. En effet, comment faire le plus de mal à une femme qui souhaite se libérer d’une union toxique, souvent après des années de violences (physiques , sexuelles psychologiques et/ ou économiques)? Tuer les enfants et les emporter dans la mort pour se venger définitivement.

Il y a quelques jours la petite Léa , 3 ans, en garde alternée après la séparation, (l’égalitarisme imposé par les juges à la demande d’un parent), a payé au prix de sa vie la volonté de sa mère d’en finir avec une union violente
Placé sous contrôle judiciaire, le père devait être jugé fin juin « Rien ne laissait présager un quelconque risque pour la fillette, uniquement pour sa mère », a osé expliquer le procureur.
Rappelons que cette mère faisait l’objet d’une mesure de protection, et que le procureur n’avait pas supprimé les droits d’hébergement et l’autorité parentale de ce père. Un choix qui coûtera la vie à Léa, et laissera sa mère dans l’horreur de sa disparition.

Les infanticides de la séparation sont majoritairement commis par les hommes, et les femmes assassinées, ont pour la plupart alerté les autorités avant d’être tuées

En 2014, 134 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex conjoint, 39 % de ces femmes avaient dénoncé les violences. Cette année là, 35 enfants seront assassinés, et on estime que plus de 140000 enfants vivent dans un foyer où une femme, leur mère est victime de violences.

Pour lire la suite

Signataires : Association SOS les Mamans – Alliance des femmes pour la démocratie – Femen (France) – Osez le Féminisme – Les Effronté-e-s – La maison des Femmes de Paris – Association Internationale des Victimes de l’inceste – Fédération Nationale Solidarité Femmes – Muriel Salmona présidente de l’association Mémoire Traumatique – Françoise Brié , directrice de l’Escale – Femmes solidaires – Femmes migrantes debout – Marche mondiale des femmes – LFID Ligue des Femmes Iranienne – RAJFIRE Réseau pour l’Autonomie des Femmes Immigrées – Ainsi que le soutien d’Isabelle Alonso et d’Eliette Abécassis

La librairie des femmes à Paris

Librairie des Femmes

La «rive gauche» è verde e femminista

Librerie indipendenti. A Parigi, la storica Librairie des Femmes

Mentre le due vetrine si affacciano sulla via, per entrare nel cuore dell’Espace des femmes si deve attraversare la corte interna, il cui ciottolato scomposto è tempestato di vasi di terracotta in cui vegetano piante lussureggianti. Nel pieno della rive gauche parigina, in rue Jacob, la libreria apriva le porte nel 2007 in uno spazio in cui oggi convivono anche una casa editrice e una galleria espositiva. Entrando per la prima volta nell’Espaces des femmes sembra di ritrovarsi in una parentesi avulsa dal resto della metropoli, in cui il verde domina incontrastato. Lo stesso colore che abita la città seppure, quando ci si addentra nel suo cuore di parchi, i giardini si fanno più radi e gli unici punti verdi sono quelli che fanno capolino in veste di piante d’appartamento dalle terrazze dei palazzi. Il verde dell’Espace de femmes emerge così a sorpresa dal grigiore degli edifici sobri e troppo eleganti del VI arrondissement, come quando si dimidia un kiwi e ci si stupisce di quanto possa essere intensa la tinta che traspare dal taglio nella buccia. Colore che ritorna: il logo della casa editrice, le affiche storiche e persino la tinteggiatura odierna delle scaffalature. La libraia, Marie Arsac, che lavora alla libreria da dieci anni insieme a Pauline Hillier, illustra tra parole e sorrisi le origini di questa scelta raccontando che lei stessa appena entrata si fece la medesima domanda e le donne che allora ci lavoravano le avevano spiegato che il verde è il colore delle donne, a simboleggiare il processo di reciprocità tra le donne e la natura e la speranza nel cambiamento.

Ed è ancora un cambiamento, molto recente, a cui si riferisce Marie Arsac mentre spiega in che modo lei e Pauline hanno scelto la disposizione delle sale. Quando parla dei libri presenti, che spaziano dalla narrativa contemporanea scritta da donne fino al reparto dedicato alla letteratura dell’impegno politico, riconosce con entusiasmo che a partire dal movimento #MeToo l’età di chi entra in libreria si è fatta più variabile: molte giovani e giovanissime varcano la porta per curiosità o per chiedere di sfogliare «i classici storici» e i «nuovi classici» del femminismo. Simone de Beauvoir, Angela Davis, Olympe de Gouges, bellhooks, Viginia Woolf, ChimamandaNgoziAdichie e moltissime altre prendono spazio sui tavoli e sugli scaffali, insieme al recente Cours petite fille. #metoo #timesup #noshamefist che riunisce le prises de parole e d’écriture di numerose militanti, intellettuali, artiste, proprio sull’impulso femminista dopo il caso Weinstein.

Le giovani donne che scelgono di entrare qui lo fanno perché la Librairie des Femmes è la libreria storica del femminismo parigino. La storia di questo spazio “allargato”, comincia infatti molto prima del 2007 e in un altro arrondissement. La librairie nasce nel VII nel maggio del 1974, concomitante alle Editions des femmes a opera dell’MLF (Mouvement de Libération des Femmes) e del collettivo Psychanalyse et politique. Questo movimento di lotta femminista, co-creato alla fine degli anni Sessanta da diverse donne tra cui Antoinette Fouque e MoniqueWittig, cooperanti nel dibattito sulla sessualità e l’articolazione delle lotte delle donne con le lotte anti-coloniali e di classe.

Antoinette Fouque, il cui nome resta legato alla Librairie des femmes, era marsigliese di nascita e decise di trasferirsi a Parigi per intraprendere gli studi alla Sorbonne. Lettrice alle Editions du Seuil, divenne lei stessa editrice nel desiderio di coniugare impegno politico e letterario, mirando a promuovere la letteratura scritta da donne e la lotta politica. Aprì altre due librerie des femmes, con lo stesso nome ma con un destino differente, una a Marsiglia (1976) e una a Lione (1977).

Negli anni Ottanta la libreria e la casa editrice traslocano vicino alla sede attuale e inaugurano uno dei primi spazi espositivi a risarcimento dell’invisibilizzazione delle opere di artiste donne. La Galerie des femmes nasce nel 1981 per volontà di Fouque, in rivolta al fatto che le opere di artiste donne rappresentassero una minoranza assoluta rispetto al numero delle acquisizioni dei musei e

delle mostre. La galleria, che fino al 1992 è restata al 74 di rue de Seine, negli anni ha accolto e reso

visibili le opere di Sonia Terk Delaunay, Milvia Maglione, Kate Millett, Tina Modotti e altre.
Alla fine del 2018, secondo questa pratica di lotta è stato pubblicato il primo manuale scolastico con 100 testi di scrittrici, dopo l’esperienza del Dictionnaire universel des créatrices (2013). Il manuale, curato tra le altre dalle co-direttrici della casa editrice, Michèle Idels e Christine Villeneuve sostenute da Sylvina Boissonnas, si intitola Des femmes en littérature (2018) e campeggia in libreria a ricordare che le donne e le loro produzioni restano ancora largamente escluse dai programmi e dai manuali scolastici; e come monito al valore della letteratura, dai primi testi medievali fino ai nostri giorni.
L’espace de femmes e il Dictionnaire universel des créatrices sono i due punti che consentono l’osservazione del mondo attraverso sguardi altri, per accedere a visioni differenti, a un confronto vasto e plurale della creazione umana. Immersa nel verde della relazione con il vivente.

– Francesca Maffioli, 07.06.2019

© 2019 IL NUOVO MANIFESTO SOCIETÀ COOP. EDITRICE

Article paru dans « Il manifesto »